mardi 30 septembre 2008

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Un jour que,sous un saule, il devisait paresseusement avec son ami Paul, celui-ci, assez mystérieusement prononça cette phrase"les chatons sont aux amentifères ce que les anglaises sont aux tempes des belles ingénues", puis, après un long silence, "et réciproquement".
Peut-être venait-il de lire les souffrances du jeune Werther, se dit-il...

lundi 29 septembre 2008

C'est vers un lopin en bordure de Central Park subtilement désigné "strawberry fields"que se dirigèrent son ami Paul accompagné de son amie, pour y rendre un hommage au rebelle que fut John (les trois autres , le modeste,le gentil et le mystique comme les appelait son ami Paul ont ou auront leur lopin, fool on the hill ou yellow submarine). Silencieux son ami Paul regardait mélancoliquement le parterre de fraises quand son amie d'une voix décisive et sucrée prononça ces quelques mots "oh les jolis petits écureuils,comme il sont mignons"montrant du doigt l'un des nombreux rongeurs qui pullulent dans le Park. Ce qui fit dire à son ami Paul que certains voient des écureuils là où d'autres s'aveuglent à la triste blancheur du souvenir. Son ami Paul dit alors à son amie que leur prochain voyage les conduirait à Bâle pour y visiter le célèbre zoo.

dimanche 28 septembre 2008

C'est à cause d'un train raté que son ami Paul n'eut pas la carrière d'acteur à laquelle il eut pu prétendre.En route vers Rome il interpréta faussement une page de son Chaix et se retrouva encalminé sur la moleskine usée du banc fatigué d'une salle des pas perdus paumée d'une gare sous préfectorale alors qu'à Cinecitta se jouait son avenir d'étoile désormais éteinte à jamais.En effet Luchino Visconti devant ce lapin, ne pouvant plus attendre son ami Paul, dut se décider: Bjorn Andresen serait Tadzio, tant pis pour son ami Paul. Quand le lendemain son ami Paul arriva à Rome le costume fripé et l'oeil en berne, Luchino lui laissant une ultime chance lui déclara: " péti avec ton régard de lagoune,tu pourras faire Vénise." Ce qui bien sûr ne consola pas son ami Paul.  

samedi 27 septembre 2008

L'amie de son ami Paul admirait le marchand du sel, elle jouait aux échecs: son ami Paul était souvent mat. Elle lisait  Desnos et Picabia,  s'habillait comme Rrose, se parfumait à l'eau de voilette, disait Desnos et Picabia," le plaisir des morts c'est de moisir à plat " et " la peur, c'est une hanche pure sous un granit ingrat." Un jour elle quitta son ami Paul, mat une fois encore, lui laissant cet ultime message                   " Rrose s'ennuie avec vous, elle s'étiole avec les fleurs de cannelle."

vendredi 26 septembre 2008

A un ami de son ami Paul qui croyait que "Mercier et Camier"était le nom d'un fabricant de bicyclettes, son ami Paul rétorqua avec véhémence que "Mercier et Camier"n'avaient pas plus à voir avec la bicyclette que Beckett avec le yoghourt au goût bulgare. L'ami de son ami Paul s'éloigna en haussant les épaules et en marmonnant ces propos rageurs:" s'il arrive à faire des yoghourts avec du lait de chèvre alors je me les coupe" faisant du plat de la main le geste auguste du faucheur qui se meurt.

jeudi 25 septembre 2008

Lorsque son ami Paul proposa au réputé docteur Pimply son interprétation du rêve dit de" la trace de l'escargot" et que sans penser à mal laissa échapper la phrase suivante:"en fait je me demande si ce Lacan n'est pas un gourou tout juste bon à faire baver les analystes et leurs analysés..."Un silence opaque s'en suivit, le réputé Docteur Pimply leva le sourcil, s'empara d'un Séminaire posé sur la table puis rageusement, sans une parole en asséna un rude coup sur le crâne de son ami Paul qui de saisissement se recroquevilla en position foetale sur le divan du réputé Docteur Pimply qui, excédé par cet épisode, mélangeant libido et destrudo hurla  à son ami Paul "dégage avorton"lequel toujours prostré sur le docte divan et ayant manifestement compris autre chose s'empressa de laisser sur la table du réputé Docteur Pimply un billet en paiement de ses gages, pensa-t-il, puis effectivemment dégagea laissant le réputé Docteur Pimply encagé dans sa fulminante colère. Son ami Paul lui confia par la suite qu'à son avis les lacaniens sont vraiment trop soupe-au-lait.

mercredi 24 septembre 2008

Son ami Paul ne décolérait pas depuis qu'il avait vu en page 30 du Monde du 12 septembre le portrait de Keith "peaudelézard" Richards,  grattouillant les quelques riffs las d'un blues en do majeur sur la guitare qu'il avait posée sur ses cuisses elles mêmes reposant sur le matelas douillet du lit luxueux d'une chambre luxueuse d'un hôtel de luxe (new-yorkais?). Que celui-ci apporte son soutien à une vague association climatique ,qu'il pose à proximité d'une valise Louis Vuitton, qu'il ait ce ténébreux regard dont les airs de sabbat de Sympathy for the devil sont encore l'écho,passe encore, mais aux oreilles de son ami Paul revenaient les propos que cet ex rebelle envuittoné avait tenus en janvier 1969, affirmant tout de go que le double blanc "se résumait à cinq bonnes chansons le reste étant du remplissage", perfidie qu'il ne lui pardonnerait jamais.

mardi 23 septembre 2008

Son ami Paul aimait à chantonner "my rifle, my pony and me"prenant la voix sucrée de ricky nelson et celle plus rude de dean martino  puis larguant les amarres faisait la dynamite, le sherif et les chevaux .

lundi 22 septembre 2008

 
"Elle chantait comme une pieuvre,vous endormant puis vous saisissant de ses huit bras", phrase de vernon sullivan qu'il aimait prononcer tout bas comme une prière quand lui revenait cette musique, cet air bleu qui avait ravi le bison.

samedi 20 septembre 2008

Son ami Paul ne lisait pas de romans, tant d'invraisemblances lui semblaient trop réelles, disait-il, pas plus qu'il ne lisait de journaux intimes, tant de réel lui semblait invraisemblable, ajoutait-il, à moins qu'un journal romancé...

vendredi 19 septembre 2008

Quand son ami Paul lui révéla que "les chaises musicales" et "la cantatrice blonde"étaient les deux livres qu'il préférait dans l'oeuvre d'Emil Cioran, il pensa que son ami Paul n'en était pas à un roumain près.

jeudi 18 septembre 2008

Il en était à son quatrième petit blanc et c'est à cet instant qu'il entendit son ami Paul : "ce qui est primordial dans le double blanc ce n'est pas la couleur mais qu'il soit double." Il se demanda alors si le blanc était bien une couleur ,si tout cela avait une quelconque importance et de guerre lasse s'en commanda un cinquième.

mercredi 17 septembre 2008

Quand son ami Paul annonça à son analyste, le réputé docteur Pimply, qu'il avait eu la révélation que l'origine de ses fréquents accès de fièvre était une évidence ,qu'il avait trouvé la solution de ce mystère ,que l'inconscient n'avait rien à y voir n'en déplaise au réputé docteur Pimply, qu'il suffisait de remarquer que dans Paul il y a palu et que qui dit palu pense à fièvre , le réputé docteur Pimply prononça un hmm lourd de sous-entendus.  

mardi 16 septembre 2008

Il était assis à la terrasse ensoleillée.Y buvait un petit blanc,ce qui lui faisait irrésistiblement penser à son ami Paul qui vouait un culte immodéré au double blanc que gravèrent quatre musiciens d'antan.

lundi 15 septembre 2008

Un costume enfin. Il glissa sa carcasse dans l'étoffe soyeuse. Le tissu tombait bien. Une chute de plus, se dit-il.

dimanche 14 septembre 2008

Ses mains souvent l'embarrassaient. De gros papillons de nuit malhabiles qu'il faisait voleter sans raison. Bonnes à poirer qu'enfin elles se taisent.

samedi 13 septembre 2008


Il pensait souvent à son ami Paul. A ses manies d'artiste maudit. La dernière fois qu'il le rencontra, Paul était estragon. Il savait que cet estragon-là serait bien arrosé.