samedi 30 mai 2009

Son ami Paul songeait aux ballades de Townes, aux espaces restreints qui enserraient son être et qui en faisaient un cowboy de bistrot, il pensait à Pancho et à Lefty, au poète dont la bouche se remplit de la poussière que soulève les pas du bandit, il pensait à Townes qui n'en pouvait plus d'aligner les histoires des autres qui peu à peu devenaient les siennes... " Un grand bonhomme ! " se surprit-il à prononcer tandis que le bar se remplissait d'une musique saumâtre totalement contagieuse quand on y prête l'oreille mais tout juste allergisante lorsqu'on a dans le regard l'étincelle la plus libre qu'y laissent les allumés dans le genre de ce sacré Townes.   

mercredi 27 mai 2009

" Ce qui est bon dans la peinture de Dilasser " disait son ami Paul, "c'est qu'elle ressemble à l'écriture de Pinget, une écriture en pantoufles, sans avoir l'air d'y toucher, une écriture de derviche en panne de révolution, tranquille et hardie à la fois..." Une gorgée de sauvignon et son ami Paul continua " un forgeron de la peinture quand l'autre peaufine et assèche sa phrase jusqu'à l'arête..." Son ami Paul regarda vers le plafond y cherchant preuves de l'existence de ces artistes qui transforment le monde et rénovent le temps, mais las de cette quête il se rabattit sur les bretzels qui, une fois de plus, lui furent un précieux réconfort en cet instant précis où il en venait à douter de tout.  

vendredi 22 mai 2009

"Pires que les proustiens, les celiniens, les kafkaiens, pires que ces dangereux épigones, les bernhardiens..." disait son ami Paul qu' aucun sauvignon absent de tout guéridon n'aurait pu calmer tant son ire culminait, cervinesque puisque de Suisse il aurait pu être question comme la suite le prouvera. " Ces dangereux copistes, si peu moines que la bure ne leur est même pas paravent osent sans vergogne y aller de leur "dit-il" alourdissant le propos de répétition calquées sur celles du maître déjà ancien qui, s'il vivait encore planqué dans sa montagne à siroter d'autres vins que ce pâle sauvignon, aurait tôt fait de les renvoyer à leurs chères études pour y puiser l'once d'originalité qui fait les grands artistes quand tous ces rapins n'ont d'horizon que le bout de leur nez d'égo..." tempéra son ami Paul qui termina puisque de Suisse il avait été question " Fasse le ciel que jamais je ne rencontre un cingrien..." Souhait qu'il arrosa d'une salutaire gorgée qui aurait pu donner de l'air à un huit-mâts.

jeudi 21 mai 2009

"Calet, Guerin, et maintenant Pinget..." grognait son ami Paul qui ne supportait plus ces résurrections dictées par le seul désir de nuire à ces endormis magnifiques qu'il s'agit de réveiller en douceur, en prenant bien garde de tourner leurs pages avec soin et délicatesse.
" Pas de quoi se moucher du pied..." continuait-il " ni de faire surgir de tels fantômes..."
Il est vrai qu'il serait préférable de laisser ces orfèvres à quai quand on sait ce qu'en fera l'affreux laminoir qui conduit le monde à sa perte, quand on sait la fragilité de leur plume qui ne vaut que son poids de plume. Son ami Paul, resservi en sauvignon, ce qui eut pour effet de faire naître sourire à ses commissures, ajouta " Pinget en véritable horloger genevois travaillait en pantoufles, oui, il écrivait chaussé de pantoufles ce qui prouve son inaliénation." termina son ami Paul songeant avec nostalgie aux mouettes sérieuses survolant sérieusement le Léman.

mardi 12 mai 2009

"Mais qu'a donc à voir le Caravage avec la bouche qui parle dans le noir?" demandait son ami Paul après avoir lu cette phrase dans une estimable gazette mais qui pour le coup n'y allait pas de main morte. " C'est comme d'y mettre du chameau à Honfleur..." continuait-il " en pensant que tout va être subitement transformé, que tout va changer quand nous sommes à jamais pétrifiés dans tout ce cirque... alors le Caravage , merci, mais qu'il aille se recoiffer et qu'il laisse la bouche parler..." termina-t-il légèrement irrité et sur les galets. Le garçon ne tarda pas à réhydrater son ami Paul, craignant les conséquences de cette soudaine déréliction. In petto le garçon se promettait de faire taire ce Caravage s'il venait encore importuner son ami Paul. "une question d'honneur!" grommela-t-il en souriant à son ami Paul rapidement rasséréné.    

vendredi 8 mai 2009

"Drôle d'histoire que celle de la valise de Lucky par ailleurs remplie de sable, qui, dit-on, fut trouvée par un éboueur de la ville de Paris lors d'un ramassage de poubelles." disait son ami Paul, "Valise parfaite selon Sam qui s'y connaissait en voyages, très abîmée et démodée, valise en route vers le pire, ne changeant de cap sous aucun prétexte, plus vivante que la bande d'abrutis ne sachant rien faire d'autre que d'attendre en râlant sans cesse, malheureux interprètes d'un texte sans queue ni tête..." continuait son ami Paul que le sauvignon poussait à la critique théâtrale. "Et s'il suffisait d'une valise pour voyager, c'est valise qu'on deviendrait tendant sa poignée à toutes les mains ..." termina son ami Paul réclamant une poignée de bretzels sur un bon vieil air de blues genre love in vain, puisque tout air de blues est un bon vieil air de blues, se disait son ami Paul qui avait allumé sa lumière rouge.      

mercredi 6 mai 2009

" Ne pensez-vous pas que ces satanés Pink Floyd ont toujours été à côté de la plaque, toujours gonflés de suffisance, soufflés un peu so british, indigestes et grandiloquents? " demandait son ami Paul ayant néanmoins en tête quelques joyaux barettiens que le trop gras Gilmour s'empressa de jeter aux orties préférant remplir d'obscurs stades à la manière pinochet que de prendre la poudre (d' escampette?). "J'exclus de ce peu mérité règlement de compte l'us and them plus reluisant que de coutume où semble naître le recommandable intérêt de Nick Mason pour le maudit Wyatt que ses congénères jetèrent sans mollir. Rythme de sorciers, imprécations tribales, poésie fondamentale, tout y est, on voit poindre sea song quand soudain apparaît un navrant saxophone et les accords d'enrhumé du déjà vilipendé guitariste intérimaire qui, malheureusement, vit son contrat précaire transformé en cdi de fonctionnaire." continuait son ami Paul qui trouva en sa gorgée de sauvignon un réconfort de trop courte durée. " Voyez où nous mène l'excès de bonne conscience alors qu'un licenciement fut-il abusif du susnommé David aurait évité tant de dérapages..." Son ami Paul en veine d'honnêteté ajouta: "Mais Wyatt sait qu'il peut compter sur le gras David..." 


  
    

samedi 2 mai 2009

"Si on attribue à chacune des lettres de son nom le nombre correspondant à leur situation dans l'alphabet, savez-vous la somme obtenue avec les 4 lettres de Bach," lui demandait son ami Paul." 14 ! " annonça-t-il fièrement "14, 2 fois 7, troublant,non? " tandis qu'il buvait d'un trait ce qui restait de sauvignon dans son grand verre. " Ces chiffres me troublent comme me trouble ce qui est parfaitement intelligible et néanmoins parfaitement inexplicable... " continua son ami Paul, " et que dire alors de la cuiller-soulier de Breton, objet aussi magique et banal que son propriétaire..." Réfugié dans un soudain silence, son ami Paul  zigzagait entre bretzels et sauvignon quand il entendit le garçon qui parlait à un de ses clients "...3 jours 4 nuits, je pars le 14 pour Sète , j'irai au casino jouer à la roulette..." " Voilà qui confirme ce que je démontrais il y a peu, intelligible et inexplicable..." jubilait son ami Paul, qui, sur l'air de la cantate bwv 147, commanda deux sauvignon qu'il ne chercha pas à diviser.