lundi 26 octobre 2009

Compulsant avec gourmandise les deux tomes de chroniques de la montagne formant elles-mêmes montagne à gravir tant le chemin en est escarpé et les cimes éloignées, son ami Paul mesurait la difficulté à venir à bout de ce Cervin. Mais une fois rendu au sommet, le marcheur y trouve son compte et la hauteur de vue qui sied à une meilleure perception des lointains. Ainsi songeait son ami Paul pêchant de ci de là perles et pépites dans la foison vialattienne, que celui-ci entretenait jour après jour avec un entrain borné. Ses lecteurs, auvergnats vernis y trouvaient ce qui manque à notre presse d'aujourd'hui, la fraîcheur et le désintéressement dont sont faites les oeuvres de ces petits maîtres si indispensables. " Et que reprocher à quelqu'un qui s'échina à traduire Kafka?" ajouta son ami Paul qui dans la foulée réclama un sauvignon à défaut de chateaugay. Et Allah dans tout ça? 


samedi 24 octobre 2009

"Quel sage que ce Gastounet à la blouse boquine, quel philosophe sans jardin, penseur de friche et raisonneur obéissant aux épluchures..." marmonnait son ami Paul, un temps désarçonné par la conversation de ses voisins qui encensaient de piètres artistes familiaux, en vantant le jeu et le naturel puisque d'acteurs de cinéma anémique il s'agissait et que en la matière son ami Paul avait un avis peu amène et que pour lui, comme dirait Mgr Lustiger la messe est dite malgré quelques soubresauts fellino-pasolinien ou jodorowskiens. Que ces aveugles y trouvent leur compte, voilà qui étonnait son ami Paul pour qui trop de réel tuait le réel comme le ferait un tueur à gages tout droit sorti d'un Melville grisâtre (que faire alors du cadavre? de quoi se faire pincer Mgr ). Et de compulser son livre d'heur, son opus Hippobosquien, d'y dégotter de quoi faire taire ces importuns..." Voilà", triompha son ami Paul " la civilisation est une des principales causes de la mort du côté enfantin de l'homme" et de commander sauvignon et bretzels, et de fermer les yeux et de se croire ailleurs et d'entendre Charles Lloyd appeler les oiseaux à la rescousse.  

jeudi 22 octobre 2009

"Nous manque un Marcel Duchamp, un empêcheur d'écrire en rond..." fulminait son ami Paul atterré par la piètre qualité des romans familiaux encombrant l'étal de valeureux libraires transformés en Ménie Grégoire par l'accumulation fétide des histoires banales et simplistes que nous balancent ces nouveaux psychologistes que s'arrachent presse peuple et écrans bleuâtres. " Le Marcel aurait tôt fait de leur faire ravaler ces couleuvres qu'ils nous jettent entre les pattes, sombres ophidiens aux regards torves guignant sur notre monnaie sans autre forme de pudeur..." Et de froisser le supplément littéraire d'un quotidien du soir impropre à l'emballage d'un quelconque poisson (de malheur?), et de boire une gorgée d'un presque maritime entre deux mers, et de croquer bretzel , et de songer à Jason Molina presque Jonas dont la baleine non plus ne s'emballerait pas dans l'immonde feuille de chou précédemment froissée et jetée que le garçon, tel Rivera, envoya dans la lucarne. 

mercredi 14 octobre 2009

Son ami Paul restait pensif après avoir lu un essai de John Pandemur dans lequel John analysait brillamment la posture des personnages de Jan Vermeer, distinguant les personnages à tête penchée et ceux à tête droite ce qui aurait  surpris Jan qui se serait demandé où John avait bien pu pêcher ce gros lui qui se contentait du fretin de ruisseau. Poursuivant sa rêverie sans néanmoins la rattraper, son ami Paul s'imaginait perle à l'oreille, fichu bleu, regard oblique et robe jaune, histoire de montrer à Pandemur ce que peindre voulait dire et, sentant le  courroux accourir, demanda au garçon de le secourir d'un verre de sauvignon. Puisque de Delft aux Nits le chemin était court, il le fit penchant la tête en fredonnant et ajouta " je lui mettrais bien la tête dans le seau au maçon..."   

mercredi 7 octobre 2009

"Il y a dans la peinture de Bram une économie de moyens qui la rapproche de la musique de Low, à moins que ce ne soit de celle de Vini Reilly... " disait son ami Paul son pigeon en main et un verre de sauvignon dans l'autre. " Ces coulures prétendument malhabiles, ces indécisions réfléchies, tout ce commerce arbitraire sont la caisse de résonance de la guitare d'Alan Sparhawk et l'inverse est vrai si l'inverse venait à exister..." Normance alors de bretzels du garçon ajoutant au bombardement " Il vous plaît le pigeon, monsieur Paul..." Après un claquement de langue toute ensauvignée, son ami Paul ajouta " C'est le gris du pigeon qui m'intrigue, rien de plus complexe qu'un gris..." songeant aux notes grises de la grise musique du gris Alan.