lundi 29 juin 2009

"Je connais des peintres intéressants, j'entends par là qu'ils tiennent des conversations épatantes..." disait son ami Paul, reprenant cette phrase écrite par Gaston Chaissac à l'un de ses nombreux correspondants, phrase glissée entre deux remarques pertinentes concernant l'une le non-pommage des salades et l'autre le bonnet du maréchal-ferrant du village. "Eh oui" continuait son ami Paul, "bien souvent le verbe l'emporte sur le pinceau ce qui a pour conséquences d'une part de supposer que tout s'explique et d'autre part d'éviter l'éclosion de croûtes grandiloquentes ce qui, avouons le, n'est pas foncièrement mauvais..." Le sourire de son ami Paul laissait supposer en cet instant qu'il songeait aux sabots du Gastounet frappant le plancher au son d'une romance de Slim Cessna... Et le susdit ami Paul de commander un verre de bourbon.

dimanche 28 juin 2009

"Ah oui, Tom Waits.... romantisme de pacotille... ferrailleur et bruitiste.... voix de corbeau enrhumé... préfère Elton John... bla bla bla...." Ainsi parlaient deux gominés qui s'échauffaient passablement de même que les oreilles de son ami Paul qui fulminait à entendre  parler de la sorte du parfait Tom qui ne demande rien à personne, surtout pas aux gominés au goût de vespasienne et qui de surcroît relègue le peu reluisant John et ses épigones au bas du Tourmalet. Son ami Paul songea un instant au pistolet bleu de Tom puis magnanime s'entonna sauvignon et Steve Albini's blues ce qui eut un effet des plus Gandhi sur son ire un peu démesurée.  


  

jeudi 18 juin 2009

"Calaferte est à la littérature ce que Zoot Money fut à Kevin Coyne..." théorisait son ami Paul que le sauvignon fertilisait méchamment, et il continuait " ou Radiguet à Cocteau, Muel à Malone..." Reprenant souffle et sauvignon son ami Paul ajouta " Wittgenstein à Bernhardt, Guattari à Deleuze, Rivera à Prati, l'alpage au génie, le cigare à Lacan, Bettencourt à Dubuffet, Soupault à Breton, Brod à Kafka, bretzels à sauvignon..." Qu'il s'empressa de commander au garçon qui passait par là. " Nécessaires et suffisants" dit-il puis se reprenant" indispensables!"    

lundi 15 juin 2009

Son ami Paul avait l'humeur rêveuse occupé qu'il était à lire la lettre que lui avait adressée un aimable retraité par ailleurs breton et ancien mécanicien ce que ne prouvait pas sa prose qui en aucun cas ne les roulait. Le mécanicien à crèpes précisait dans son courrier qu'il avait été en son temps en charge de la motocyclette de Georges Perros et compagnon  de bar concomitant du susdit Georges qui ne ratait aucune occasion de lever le coude. " Sa moto lui ressemblait, un peu bancale, taiseuse et malchanceuse. Comme lui elle aimait la foison des fossés et les crachins du bas et lourd. Il la rudoyait comme il rudoyait son corps de citadin usé, changeait de vitesses comme il changeait de langage, homme et machine confondus étaient toujours en partance n'étant jamais en repos, jamais bien nulle part..." "cqfd" dit son ami Paul nageant dans un grand lac une scie dans la tête qu'il avait ailleurs.   

mercredi 10 juin 2009

" J'aurais aimé être Paulhan et recevoir du courrier de Perros sauvagement fouetté par l'air marin, j'aurais aimé avoir des nouvelles des sardines de Douarnenez, savoir le sens du vent, m'ennuyer avec les pêcheurs restés à terre allant de bistrot en bistrot noyer ce qui leur reste de souvenirs hauturiers..." disait son ami Paul feuilletant ladite correspondance poulot-paulhan qui à chaque page changeait l'horizon . "Et dire que les littérateurs salonneux qui encombrent les librairies tournent toujours le dos à la haute mer au cas où viendrait à passer un zélateur côté terre..." songeait monsieur Paul qu'une haine océane assourdissait. 

vendredi 5 juin 2009

"Non" disait son ami Paul, "non, pas une bibliothèque qui disparaitra le jour de ma mort, tout au plus un casier à bouteilles, étant donnés les piètres textes commis, les pauvres name-dropping pour uniquement justifier d'une culture de néo-ex-ultra-un peu-pas des masses révolutionnaire à la recherche de sa révolution qui pourtant lui crève les yeux, une révolution 9 qui ne va pas plus loin que les murs du parc de Moulinsart..." Reprenant souffle et sauvignon, son ami Paul s'accusa alors de répéter toujours la même chose puis, pire, de ne rien dire du tout, puis se demanda si l'ennui de devoir s'exprimer dépassait celui de devoir se taire , puis il regarda fixement son verre vide et héla le garçon, lui commanda un verre de sauvignon avec le désir de décamper illico de son personnage si prévisible. Un ultime sursaut de snobisme lui fit se demander pourquoi la musique de bar avait cette lourdeur de tabac froid. " Why not Munly?" se dit-il.