mercredi 29 juillet 2009

"Ces femmes poètes, ou plutôt pourrait-on dire ces poètes femmes puisque le poétesse n'est pas souhaitable, trop indigeste, trop poussiéreux..." disait son ami Paul en pleine lecture d'un récipient d'air aux allures de ritournelles qui lui procurait espace à l'oeil et océan au coeur tandis qu'il gouleyait d'un sauvignon sans reproche si fruité à l'hémistiche, croquant les mitaines d'un sombre bretzel presque tombé d'en haut, une aile, planerait-il le bretzel? "Elles en remontrent aux besogneux de la métaphore, virevoltantes et charmeuses elles s'imposent à la force du clin d'oeil, légèreté qu'on envie et qu'on oublie comme une musique lointaine..." continuait son ami Paul un instant déstabilisé par sa lecture, puis s'arrachant au livre desdites reprenait pied au guéridon et hélait le garçon, lui demandait sauvignon et nouvelles de ses canariennes vacances ou autre chose, qu'importe pourvu que tout reprenne la où on l'avait laissé.        

samedi 25 juillet 2009

"Ah, Plume, qui de plus poètiquement subversif, de plus étonné de tout ce qui lui arrive, du mur de sa chambre dévoré par des fourmis, de la Reine qu'il déshabille, de sept Bulgares liquidés à coups de revolver ..." disait son ami Paul au garçon venu l'abreuver en sauvignon mais qu'indifféraient tous les Plume, Songe ou Teste que l'imagination de purs génies avait créés. " Un vin qui était vin comme le permanganate..." continuait son ami Paul ce qui fit se dresser le sourcil du garçon qui ajouta " ne vous plaît pas mon sauvignon?" ce qu'entendant son ami Paul déclara " l'écrit suffit à transformer le cloporte en aigle superbe." Le garçon haussant les épaules fit rouler quelques bretzels sur la table tandis que son ami Paul ajoutait "la pluie se moque de l'exactitude des trottoirs, elle caresse le rêve des grands déluges." Lui revenait la voix de plomb d'un autre Plume tombé naguère d'une palindromique province.    

jeudi 23 juillet 2009

Son ami Paul tournait les pages d'un opus volumineux paru en son temps chez Christian Bourgois. Sur la couverture dudit opus s'imposait le regard en coin d'un drille tendance joyeuse dont la pipe au bec démontrait que, même avec une pipe au bec on peut être drille, ce qui de prime abord ne semble pas évident quand on connaît les fumeurs de pipe. Le sire Iouvatchov, puisqu'il s'agissait de lui, avait le chef coiffé d'un ex-haut de forme cabossé comme sa prose qui s'étendait avec nonchalance sur les pages de l'opus que son ami Paul parcourait avec gourmandise." Daniil Harms, puisqu'il s'agissait de lui, eut le malheur de croiser un certain Jdanov, sbire autoproclamé de la courte vue et polichinelle en uniforme, qui eut tôt fait de lui montrer que ce n'était pas la conscience qui déterminerait son existence mais que son existence s'achèverait brutalement s'il persistait à écrire des mots capables de briser les vitres et d'ouvrir les portes des cellules du bien aimé parti." C'est alors qu'on entendit les choeurs de l'Armée Rouge venus du fond de la steppe entonner une douce mélopée virile et gendarmée , poésie d'appareil où bretzel rimait avec Potemkine. "Et Jean Ferrat dans tout ça ? " se demanda son ami Paul, un verre de vodka à la main.  

lundi 20 juillet 2009

"Le désespoir n'a pas d'ailes, il ne tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer." Voyez-vous, disait son ami Paul, on n'écrit pas ça par hasard, ça ne vient pas tout seul sous la plume, on écrit ça comme on plante le riz, comme si les sillons n'existaient pas, au hasard, à la volée..." Une inquiétante allégresse pointait dans le regard de son ami Paul qu'il s'empressa de tempérer d'une gorgée de sauvignon, histoire de reprendre pied dans la rizière. " Breton n'aimait pas les plates-bandes, encore moins ceux qui marchaient sur les siennes." termina son ami Paul qu'un doigt de surréalisme ne rebutait pas.

dimanche 19 juillet 2009

"Ah les carnets d'écrivains..." soupirait son ami Paul un oeil sur celui d'un pseudo artiste autoproclamé et un autre méchamment entortillé le long d'un bretzel solitaire et désespéré. "Les carnets d'écrivains" reprit-il "Confessionnaux sans pudeur où s'étalent les moindres gestes de nos artistes qui s'imaginent nous passionner de leurs lectures et de leurs insomnies. Pire de leurs amours dont on se bat les flancs comme disait Alexandre Vialatte qui s'y connaissait en desserts." Après que d'un signe entendu il eut commandé ce sauvignon qui lui rendait la vie plus facile comme aurait dit Gaston Chaissac qui s'y connaissait en petits pois, son ami Paul clôtura le débat en disant" Et dire qu'il se trouve des éditeurs pour publier ces inepties que la curiosité malsaine promet au succès quand elles seraient plus à leur place dans la poche de nos pseudo écrivains d'où, jamais elles n'auraient du sortir." Souriant, son ami Paul songeait à un aphorisme de Jacques Rigaut, qui s'y connaissait en dynamite.
 

lundi 13 juillet 2009

"Les gris de Kiefer..." disait son ami Paul, "les cris de Kiefer, on s'y perd dans ce grand bazar de terre et de plomb, un instant Goya puis vient Rembrandt appelé à la rescousse, tout ça ressemble à un dépotoir ordonné, un tri sélectif sans espoir de recyclage, un naufrage d'illusions mal écrites..."continuait son ami Paul qu'un verre de vin du Rhin bien frais aurait tenté, souhait sans suite qu'un routinier sauvignon annihila comme l'aurait dissous l'acide de l'Anselm qui s'y connaît en vin du Rhin et en acide. Cette histoire devenait trop fastidieuse pour son ami Paul qui soudain songea aux arpèges légèrement dissonants de Marc Ribot qui à défaut de s'y connaître en vin du Rhin en savait un rayon question arpèges légèrement acides. 

vendredi 10 juillet 2009

"Prendre la forme d'une bulle pour rêver, celle d'une liane pour s'émouvoir..."disait son ami Paul quelque peu meidosem. "Quels voyages avec Michaux, une agence tous azimuts, un charter, une jonque, un autocar, un tandem..."continuait son ami Paul face à la porte et à ce qui s'y dérobe," et dire qu'on imprime encore des livres, qu'on sacrifie des forêts pour embarrasser nos bibliothèques quand notre Henri a tout dit et bien dit..." Se trouvant quelque peu hâtif et réducteur son ami Paul entreprit de commander dans un premier temps une once de sauvignon et dans un deuxième temps de sortir quelques écrivains du gouffre où il les avait précipités.
"Kafka, Beckett, Borges, Pessoa... Rien que du banal..." admettait son ami Paul qui décidément n'avait aucun intérêt pour les tableaux d'honneur. Tout juste hésitait-il entre le blond Petty et l'encore plus blond Winter. Une rasade plus tard c'est le nain montreur de girafe qu'il convoqua bien décidé à ne plus lâcher Michaux.  

mardi 7 juillet 2009

"Les douces eaux du Léman, les pentes escarpées des Grisons, la neutralité légendaire de l'helvète, le chocolat, la lenteur vaudoise, Zappa enflammant Montreux, les comptes numérotés..." pensait son ami Paul cherchant dans l'arsenal ce qui pouvait bien favoriser l'éclosion de pépites telles Roud, Cingria, voire Chappaz dont le génie se cogne aux frontières de l'espace Schengen  comme trafiquants de cartouches de Marlboro. " Peut-être le confinement" se dit-il" la géographie des cantons qui fait que tous les Suisses sont voisins de palier..."  Un verre de fendant plus tard son ami Paul tel guillaume tell ajouta " Proches certes, mais qu'est-ce qu'ils s'écrivent, les correspondances y fleurissent comme edelweiss au sommet de l'Alpe Suisse..." Achevant le fendant sans remords, son ami Paul se remémora la nuit des trois King, désormais en cendres à la quasi-unanimité, qui un soir carbonisèrent le casino de Montreux.

jeudi 2 juillet 2009

"Du haut de son phare Jean-Pierre Abraham guettait les cargos en gardant un oeil sur la reproduction de la jeune fille à la perle qu'il avait accrochée au dessus de sa couchette tandis que le capitaine Alexandre après avoir déclamé quelques ordres entrecoupés d'un feuillet d'Hypnos méditait en regardant un mendiant devenu depuis Job punaisé sur le bois de sa cache..." disait son ami Paul en admirant une bibliothèque de plomb tombée entre ses mains.
" Etrange cette connivence qu'ont peintres et écrivains, toujours à l'affût d'un mot de l'un ou d'un coup de pinceau de l'autre, d'une preuve de leur complémentarité, les mots s'accrochant à la toile tandis que le dessin se fait une place dans le livre, étrange la perméabilité de la frontière entre leurs deux mondes... " continuait son ami Paul qui décidément ne parvenait pas à se défaire du sparadrap mike moya déclamant sournoisement un vieux tube des BeeGees que Jean Pierre et René auraient superbement ignoré.