jeudi 27 août 2009

"Qu'a dû penser Breton à la réception de cette lettre envoyée par le marchand du sel où celui-ci confesse son inaction externe ainsi que..." citait son ami Paul " sa pétrification spirituelle due à l'actuelle connerie médiocre décidément déclarée d'utilité publique..." De quelques bretzels son ami Paul fit un ready made rapidement intitulé "noeud de vipère " voire "vit de nos pères" ou encore "pire de notaire", bref du lourd et continua " Le tyran hyperactif sous sa tiare haussa certainement épaules fictives songeant à la légèreté de ce bien né qui tranchait tel un couteau sans lame etc... diamétralement opposée à sa lourdeur d'appareil aux objectifs trop multiples dont sa vie se faisait l'écho. Le délire de l'un n'avait pas grand chose à voir avec les gros sabots de l'autre, pas plus que le thermomètre enregistrant les écarts de la pensée strictement syllogistique de Marcel avec le manomètre juridictionnel du potentat à la fille d'aube..." Se régalant d'un sauvignon nouveau aux arômes de poisson soluble, son ami Paul termina 
" l'utilité publique de la connerie médiocre a traversé le siècle sans encombre ce qui prouve sa vigueur et son universalité." 

mercredi 19 août 2009

"Un quatuor dédié au livre de l'intranquillité où le violon ne serait pas simplement violon pas plus que l'alto ne resterait alto, que dire alors de la nouvelle identité du violoncelle? " s'interrogeait son ami Paul feuilletant avec lenteur le chef d'oeuvre de ce musicien poète écrivain mystificateur, cousin lusitanien du praguois avec lequel il faisait chapeau commun.
"Un marcheur sans cesse effrayé par la ville glaciale, ne pensant qu'à penser quand la coutume est de somnoler puis de sombrer..." continuait son ami Paul qu'un porto suave réconfortait, "Un sacré paroissien... "ajouta son ami Paul, le quatuor soudain devenu oratorio.

mardi 18 août 2009

" Les fesses blanches de Marianne Ihlen posée sur une chaise sommaire..." disait son ami Paul "blanches comme les murs de la chambre de la petite maison que le rugueux Léonard possédait sur l'île d'Hydra, ces fesses.."continuait son ami Paul "... sont à la poésie de Cohen ce que sont celles de Lee Miller à celle de Man Ray." Se régalant d'un verre d'ouzo que ces considérations hellènes avaient imposées, son ami Paul songea que ce songs from a room était à Cohen ce que blood on the tracks était à Dylan, la dactylo aux fesses blanches en moins, ainsi que Lee Miller.
L'ouzo lui montant à la tête, son ami Paul cessa de penser à la dactylo et se contenta de chantonner un air qui avait à voir avec le chant des partisans dans une version intimiste.  

jeudi 13 août 2009

" Bettencourt, Michaux, Dhôtel, Cage, que d'écrivains-mycologues toujours penchés vers le sol cherchant la jaunotte ou le bolet, opinel à la main et besace au côté..." disait son ami Paul qu' un séjour chez les cortinaires aurait comblé, " travaillent tous du chapeau ces poètes, des écarteurs de fougères, fouilleurs de mousse..." continuait son ami Paul imaginant le sourire de John Cage découvrant un exemplaire de tricholoma personatum dont il ferait un acrostiche ou celui de Bettencourt racontant la vie trépidante de la reine des pholiotes repoussant les avances répétées du roi des phallus impudicus. Tout à la joie de cette cueillette, son ami Paul projetait d'écouter "en boucle" selon l'expression consacrée son little drummer boy préféré. 

mercredi 5 août 2009

"Quel usurpateur que ce Carlos Santana qui se prend pour un pape et se permet d'ajouter au purissime blues de John Lee Hooker de ridicules trilles aussi lourdes qu'un sac d'encens..." tempêtait l'ami de son ami Paul " Quel barnum quand on sait la légèreté des interventions de Greenbaum sur l'horizon bleu où se réfugiaient tous les vrais papes du blues..." continuait-il , attendant de son ami Paul une conclusion définitive et péremptoire. " Ah ces guerres de religions, sunnites, maronites... Greenbaum préfèrait certainement les chiites. Quand au Santana qu'il nous lâche la gibson..." termina son ami Paul qui commanda derechef une mort subite.     

lundi 3 août 2009

Son ami Paul avait l'humeur théoricienne, avivée par un excès pardonnable de sauvignon bientôt tempéré par la pertinence imprévue de son propos." Ce qui différencie les poètes ce n'est pas la forme de leur poésie, pas la liberté du vers ni la rime, je pencherais plutôt..." disait-il penchant lui-même en raison du susdit excès provoquant ce léger roulis de peu de conséquence "... pour une classification simple, les poètes des villes et les poètes des champs, les uns discrets et tenaces ne lâchant jamais la métaphore ni le crayon, notant le moindre durcissement de lumière, le moindre toussotement de nuage, le moindre basculement de verdure tandis que les autres, plus affranchis malaxent les mots et goudronnent les strophes, de véritables rouleaux compresseurs avides de toutes les collisions, des brise-tout." Après un généreux silence son ami Paul se demandait quelle mouche avait bien pu piquer Bonnie lors de cet été dans le sud-ouest.