vendredi 25 septembre 2009

"Ainsi des mains de Dilasser, doigts de l'insaisissable, de la révolte, doigts de l'inavouable et du contraint, des mains réceptacles comme des reliquaires où s'entassent les pages de l'histoire, mains fragiles, mains agiles..." disait son ami Paul contemplant les susdites mains serrant en les siennes un petit verre de cet excellent sauvignon qui tel la madeleine de l'autre lui rappelait et bla bla bla et bla bla bla tant son humeur était à la souvenance, regard perdu et sourire béat.  "Mais,on dirait des mains!" y alla le garçon soudainement perspicace ce qui eut le don de faire perdre pied à son ami Paul qui se réfugia dans un sombre mutisme à peine troublé des échos de la suave trompette d' Enrico Rava.

samedi 19 septembre 2009

"Quel inventeur ce Chaval" disait son ami Paul compulsant avec gourmandise une revue défraîchie trouvée par hasard sur les tréteaux pourtant inoffensifs d'un camelot aux goûts d'éclaireur " ses proverbes pour assiettes à dessert, ses maximes, son manuel de savoir-vivre, ses dessins de chiens et de chats, ses oiseaux..." continuait son ami Paul souriant chavalement à la lecture de l'opus " tout cela fait oeuvre comme dirait l'autre, tout se tient et pourtant semble fragile, comme dessiné sur du papier buvard, écrit d'une mine usée..." Le garçon ravitaillant son ami Paul jeta bretzels et regard par dessus son épaule et, commentant la lecture dudit ami Paul y alla d'un dégondant "encore avec vos mickey, monsieur Paul!". Celui-ci, effectivement dégondé gronda " Rien à voir avec le crétin aux stupides oreilles noires... Servez moi plutôt un petit verre de sauvignon..." Son ami Paul tomba alors sur le dessin pieusement intitulé "crétin ému par un hymne national" qu'il ne put s'empêcher d'élargir à toutes sortes d'émotions pour crétins ordinaires...        

jeudi 17 septembre 2009

Tandis que son ami Paul en terminait avec un recueil bien recommandable de Jean Follain aux poèmes légers comme un vent d'automne, l'amie de son ami Paul peignait d'un rouge rouillé un tricycle déglingué trouvé sur un tas d'ordures, en bleu une vieille lampe de la même provenance. " Cher ami " demanda-t-elle " me confierez-vous votre chapeau de feutre noir qui..." Son ami Paul cita à demi-voix le dernier vers si savoureux d'une poésie où fulguraient quelques clous avant de s'écrier "Ah non, pas mon chapeau, vous n'aurez pas mon chapeau ! " Ce qui eut pour conséquence de provoquer le désespoir de l'amie de son ami Paul " Mais alors comment voulez-vous que je combine? Dites moi comment combiner maintenant, vous qui ne savez que censurer. Vous ne connaissez même pas Rauschenburg...Ah j'adore ce Rauschenburg... " "Berg" hurla son ami Paul se replongeant nerveusement dans Follain y cherchant beauté d'un autre monde.     

samedi 12 septembre 2009

"Un chat posé sur le clavier du piano, hésitant, puis traînant sur les touches avec lenteur, à l'écoute des notes éparses qu'il vient de faire naître. Le greffier ne sait plus si cette musique est une sensation purement sienne ou quelque chose d'extérieur, tombé de nulle part, une mélodie nostalgique en suspens..." disait son ami Paul pianotant sur la table, le regard posé sur un horizon à la torpeur lointaine. " Le chat s'éloigne, quitte la scène, le silence dure et il revient, pose méticuleusement ses pattes sur les dièses, puis sautant comme saute un chat assène un accord un peu dissonant à la complexité féline..." Le garçon proposa un verre de sauvignon que d'un geste négligeant son ami Paul refusa occupé qu'il était à danser autour du piano virtuel à la recherche du chat aux prunelles mystiques qui avait disparu cherchant sur le carreau sa litière. 
" C'est avec un chat que Monk apprit la musique..." termina son ami Paul acceptant de bonne grâce un petit verre à l'âme chantante.  

mercredi 9 septembre 2009

"Tout pourrait se résumer à l'attente de Bram, immobile sur sa chaise inconfortable, les mains aux tempes, fort des paroles amies, décousues, qui fortuitement se sait dépositaire d'une histoire qui ne lui appartient pas, ne le regarde pas et, qui pourtant d'un jet, l'écrira en coulures grises sur un mur sourd à sa souffrance..." disait son ami Paul, verre de sauvignon en ligne de mire et bretzels à venir que lui apportait le garçon, qui jetant un oeil sur le livre que tenait son ami Paul y alla d'un "encore avec son pigeon!" tandis que son ami Paul fredonna un air ressemblant à une lointaine ritournelle de Jason Molina. 

lundi 7 septembre 2009

Le temps de la poésie à la main, revue méritoire éditée en son temps par le valeureux glm adepte du garamond et homme de caractère s'il en fut quand on jette un oeil gourmand au sommaire de ladite revue où se pressent sans se hausser du col poètes majuscules et prosateurs modestes, son ami Paul se délectait des images en multiples dimensions que le rusé Michaux accrochait aux pages de l'opus comme coulures de son encre, essence de sa pensée... " Ce belge non content d'avoir renié ses origines sème le doute sur sa véritable identité, un jour pygmée au sourire moqueur puis soudain insecte nouveau capable de voler sans ailes et d'y voir sans yeux..." Se satinant d'une gorgée de sauvignon, son ami Paul reprit " Du bon et du solide quand on voit les marionnettes d'aujourd'hui s'agiter de la plume afin de décrocher d'inutiles timbales..." Satisfait de cette curée salutaire son ami Paul hésitait entre Albatross et Underway, perles rares que le bouffi Greenbaum n'était plus capable d'enfiler.   

vendredi 4 septembre 2009

"Quel meilleur géomètre que Bettencourt si prolixe en théorèmes et autres formules dont il avait le secret..." disait son ami Paul traçant d'un doigt décidé un cercle autour du verre de sauvignon devenu présentement son centre, alpha de sa démonstration, et qui, fort de ce tracé encerclant verre et sauvignon considérait l'en-dedans et l'au-dehors comme deux territoires différents et pourtant complémentaires, l'un n'allant pas sans l'autre comme sauvignon et verre ballon..." considérons le théorème de l'homme" continuait son ami Paul " théorème ontologiquement démontrable ne comportant aucune inconnue, larguant les abscisses comme la barque des trépassés, bref théorème pur beurre qu'on se plaît à citer tant il ouvre d'horizons..." Rompant le cercle son ami Paul s'offrit un rayon de sauvignon et cita le dit théorème de l'homme "On ne voit la circonférence d'un homme que le jour où il a gagné son centre. Mais la plupart se perdent dans des périphéries misérables." Après une pause bien méritée son ami Paul ajouta "Clair, n'est-ce-pas?" songeant soudainement à Lol Coxhill.