mercredi 31 mars 2010

"Des orfèvres jamais à quai, campanistes en manque de carillons, toujours l'oignon au gousset, horlogers à l'heure dite..." égrenait son ami Paul tandis que d'un sauvignon il se remettait les pendules à l'heure d'été histoire d 'enfin mesurer l'avantage de ce décalage propice aux apéros et barbecues de fin d'après midi  ou de début de soirée, de quoi se perdre entre merguez et bretzels, dédale de rendez-vous manqués et de petits rosés (toujours petits les rosés et grands les bordeaux...), " Calet et Guérin, doux duettistes à l'écriture ciselée, perfection des rouages, légèreté des mécanismes..." En suspens, verre et pensée, son ami Paul néanmoins reprit du mouvement, trotteuse en goguette , " Ces deux-là nous changent des écrivaillons d'à-peu-prés qui encombrent notre horizon de piles arrogantes d'ouvrages débordant de famille, d'intrigues et de vécu..." Voilà, c'était dit et redit, petite musique discrète contre cloches à toute volée... 

samedi 27 mars 2010

"Tandis qu'un coup de tournevis..." disait son ami Paul, "un coup sans calcul, périlleux, libre..."
continuait-il "en lieu et place du satané pinceau, le tournevis trempé dans la peinture, minium, et allez un Durer, un Matisse, que sais-je? Qu'importe le résultat, ce qui compte c'est la liberté et de savoir qu'en faire..." ajoutait-il ensauvignonné de frais, ce qui eut pour don de coqalaniser sa pensée fragile qui de Dilasser passa à l'oriental encimenteur traquant Celan au marteau piqueur "Tous les outils sont recommandables, c'est la main qui dirige et au delà ce qui la gouverne, ce qui lui donne l'envie d'en découdre avec la nuit, avec l'infini qui nourrit et apeure..." Ce discours de si peu de raison l'ayant quelque peu entamé, son ami Paul se mura d'un lapidaire et opaque silence que parvinrent à fissurer quelques mesures de la néanmoins lapidaire et opaque Marjory Razorblade.       

mercredi 24 mars 2010

"C'est au quatrième coup de rouge qu'on reconnaît la détresse des vieux ratés..." disait son ami Paul, le Harnais en main ainsi qu'un verre de sauvignon ( le quatrième? ) " Pinget avait le mot rare mais sûr, un maître de la résipiscence, toujours à se battre la coulpe, à endosser la culpabilité de ses semblables pour en enrichir sa prose, l'éclat de son imaginaire..."  
Entamant le cinquième son ami Paul si proche de la détresse et de sombrer dans ce vide dont ses pas pourtant l'éloignaient mais que sa dipsomanie creusait un peu plus chaque jour ouvrant devant lui ce gouffre jusqu'au dégoût, continua " Pinget certes, mais jusqu'où, à quel prix?... " C'est sur cette interrogation que s'acheva son monologue qui en suspens s'éleva lentement vers un ciel chargé de ces gros nuages qui encombrent les poèmes. 

mardi 9 mars 2010

Comme Mathias Canterel redonnant illusion de vie au visage de Danton pourtant immobilisé depuis plus d'un siècle, immortel devenu marionnette ( n'est-ce pas le destin le meilleur pour les polichinels que la politique génère, que la gloire gonfle, baudruches s'empilant dans de sinistres panthéons...) son ami Paul sans Ariane pour tisseuse se perdait dans le labyrinthique opus si peu familial, l'universel Locus Solus d'où, à peine d'un " un sauvignon, monsieur Paul?" l'aurait tiré le garçon si de ce labyrinthe il eut fallu l'en extraire alors qu'il y trouvait paix et repos et qu' en aucun cas il ne désirait briser là cet état de plaisir universel que seuls les romans universels savaient provoquer. Lui venaient alors à l'esprit d'autres universalistes qu'il aurait été fastidieux de citer et d'un " John, don't forget my peanuts..." presque titre d'un lointain standard monkien, son ami Paul sortit du labyrinthe avec la satisfaction de la lecture bien accomplie.