mercredi 28 septembre 2011

Sur le trottoir de la rue des Douradores, tapant du talon comme pour imprimer le point final de sa rêverie, Soares s'interroge, un lourd registre sous le bras. Un autre que lui gambaderait, sauterait d'un élan de locuste, chantonnerait le refrain de proof ou autre perle de IAK. Non, Soares ne mange pas de ce pain, Soares attend le mot qui le fera revivre, la phrase qui sauve, il sait que quoiqu'il arrive la sauterelle retombe sur le trottoir.

dimanche 25 septembre 2011

Ses pages sont vigoureuses, s'inspirent d'une réalité que sa négligence transforme en un vaste terrain vague. La boue aux bottes plutôt que la plume à la main. Ainsi s'écrivent les romans, ainsi vont les écrivains qui ignorent les paillassons.

lundi 29 août 2011

Son salut, prétendait-il, était le profond sommeil où il se réfugiait s'abstenant ainsi de toute conversation. Encore lui fallait-il prendre garde à ne pas laisser galoper les chevaux du rêve. Il en faisait son affaire dressant hautes les palissades derrière lesquelles il s'abritait silencieux et têtu.

samedi 27 août 2011

Un homme, petit, au bas d'une montagne, des tissus rouges et jaunes, une musique atonale, insistante qui se joue du vent, des regards curieux, les sourires des villageois, une marche difficile sur un parterre de roches disjointes, un sommet enfin atteint, une vallée profonde où l'oeil se perd, des nuages, des odeurs de plantes magiques, une dernière nuit ici avant de retrouver la ville, les amis encombrants. La poésie de Michaux.

lundi 4 juillet 2011

"Quand on aime..." disait son ami Paul " on ne compte pas." Paradoxe immédiat dudit ami Paul qui s'évertuait à répertorier, recenser, inventorier quelques chiffres, compter sur sa mémoire pour en extraire formules et fonctions, beaux présents et belles inconnues. De l'algèbre de comptoir, du calcul intégral... " When i am 64, 40 fingers freshly packed and reasy to serve, Highway 61, 10 years after..." alignait-il, cherchant le dénominateur commun à tout ce commerce. La solution n'était-elle pas l'une des 32 pilules retrouvées dans l'estomac de Keith Moon?

samedi 25 juin 2011

"Plutôt suceur de roue que rouleur de mécanique, le nez au vent Cioran juste derrière l'helvète bondissant, chat rusé des bordures, Cingria à l'alerte coup de pédale emmène le peloton..." commentait son ami Paul..." Des forçats de la route, de l'exquis bitume, moulinant sans trêve, les aphorismes de l'un s'ajoutant aux neumes de l'autre, musique de vent dans le dos..." continuait-il..." Loin devant sur sa vieille moto, casque sur le chef, le néo-breton se la coule douce... Attend-il que le gros chat se mette en danseuse, qu'il serre les lacets, que le triste roumain crève enfin?..." s'interroge son ami Paul..." Non, il lâche le peloton, pas question qu'il mouille le maillot..."

jeudi 9 juin 2011

" Mark Linkous, Vic Chestnut..." disait son ami Paul " Plus rien à attendre d'eux, ils ont tout dit, vidé leur sac... Satisfaction du devoir accompli et salutations distinguées, qu'importe la frustration , reste l'oeuvre après tout, le gros morceau qui leur survit, quand on sait ce que les autres font de leurs vies, de quel bois ils chauffent nos oreilles..." continuait son ami Paul " Le silence de ces disparus fait un sacré vacarme..." termina-t-il un Perros à la main.

jeudi 2 juin 2011

"Michaux n'aurait pas mieux fait..." disait son ami Paul " pas mieux, magie et chameaux mis dans les pattes de ses semblables pour entraver leur marche, darelette au pis des vaches..." songeur et un peu philosophe (donner de l'air aux poissons) son ami Paul continuait "n'y aurait-il pas une condition, un théorème, une équation secrète, tout ce mic mac que nous supportons nous paraît limpide une fois identifié comme une fusée lancée par le wallon chauve, un effet de plume..." Pliant le méchant quotidien où s'étalait la laideur assumée de ses semblables, son ami Paul termina "Rien de tel que de faire nager son âme, bien à plat, comme une limande qui ne demande rien d'autre que se dorer la pilule."

vendredi 27 mai 2011

" Un Duchamp avec mousse à raser devenu méconnaissable, spirituellement pétrifié, isolé des misérables teinturiers..." disait son ami Paul, un verre brisé à la main " Toute sa vie à la recherche de la potion qui le ferait divinement jouer aux échecs et basta, la peinture par dessus bord ... Prenait les artistes, se prenait donc pour un commis-voyageur ... A la recherche de la bonne colle capable de réunir les morceaux du verre... Un boutiquier et ses valises capable de transformer le sucre en marbre, et réciproquement..."

mercredi 25 mai 2011

"La poésie de Desnos..." disait son ami Paul " comme une chanson qui ne quitte plus l'esprit, insiste et s'incruste, une petite musique sans ennui qui parfois dérape et fait du Zappa..." Déglutissant un rude muffin, son ami Paul continua " des comptines, une fois ses comptes réglés avec la clique bretonnienne il s'envola profitant des ondes courtes pour y balancer ses vers qui cherchaient le fruit... Un accordéoniste au coin d'une rue, les yeux vers le ciel et vas-y la chansonnette, poésie à bretelles sans effet de manche, du pur vous dis-je..." termina son ami Paul que le sauvignon échauffait.

vendredi 20 mai 2011

Capter les forces invisibles, puis les confier au peintre dont la tâche est de les rendre visibles. Ainsi philosophait Gilles Deleuze qui n'y allait pas avec le dos du concept, coutumier des coups de râteau de grand large et des écrits de marées d'équinoxe . "Odradek que tout ça..." disait son ami Paul "Ces forces invisibles nous donnent mauvaise conscience, nous poussent vers le mur où s'accroche le tableau du peintre pour un face à face impitoyable. L'image dégrade l'oeil, le terrasse, le réduit à n'être qu'un écran..." continuait son ami Paul "du cinéma, de la persistance rétinienne, rien de plus, du sparadrap au bout du doigt..."

mercredi 18 mai 2011

"Si Dilasser préfère peindre au tournevis..." disait son ami Paul " ce n'est pas une fatalité, juste une coquetterie d'artiste, un petit secret spirituel, une manière de s'affranchir du pinceau." Un instant songeur, il continua" Un changement de manche pour rompre la monotonie, Rembrandt en aurait fait tout autant..." Légèrement à la dérive son ami Paul se reprit " Quoique Rembrandt n'avait pas la réputation d'être bricoleur, contrairement à Dubuffet qui s'y connaissait en taches de peaux de vaches, ou d'ailes de papillons..." Son ami Paul ajouta alors " Un peintre qui peint avec n'importe quoi s'ouvre toutes grandes les portes du Sahara..."

jeudi 12 mai 2011

"Deux orfèvres, des artisans aux doigts noirs d'encre, imprimeurs-artistes toujours à l'affût du poème de grande partance, matelots sans trêve..." disait son ami Paul " deux loustics de caractères, funambules de la ligne fragile où tremblent les mots qu'ils assemblent. Qu'un jour l'envie leur prenne d'y ajouter leur prose, rien de plus normal, la compagnie des poètes provoque ce genre de désir, et les deux amis de se faire poètes à leur tour..." continuait son ami Paul " Bettencourt et GLM pris à leur propre piège... qui s'en plaindrait."

samedi 7 mai 2011

" Ecrire c'est trancher dans la langue, c'est un débarras, une tâche accomplie, réglée, finie..." disait son ami Paul si perrossien à ce moment, qui se délectait des lignes de l'indispensable breton. " Revenir à la verticalité, à ce qui coule, poèmes qui se retrouvent aux pieds du lecteur, les alexandrins démâtés qui vont à la dérive, s'agit d'en sauver l'équipage, canots à la mer et corne de brume, tout le tralala des marins..." continuait-il s'échauffant au sauvignon, " Ce qui manque aux écrivaillons d'aujourd'hui, aux encombreurs de librairies c'est le grand lavoir, l'auge où laver les mots."

jeudi 5 mai 2011

Se méfier de l'au-delà de la couleur, de l'éclat sans nuance et des déplis de nature qui détournent le regard du centre sensible de la toile, du coeur qu' on sent battre longtemps encore après l'avoir quitté. Proposition de mesurer la persistance du tableau dans l'esprit du regardeur, d'y affecter un coefficient permettant de corriger la marge d'erreur que provoquent les jugements embarrassés de ceux que la verticalité dérange et qui demeurent insensibles à cette poésie dont les mots ont le bleu des oiseaux de Matisse. Se creuse alors l'écart entre la représentation usée des imaginaires et l'énigme de grande fraîcheur des silences de la partition.

mardi 3 mai 2011

" Toute cette soupe indigeste, ces voix qu'on nous impose, livres qui nous encombrent, ces arbres qui cachent nos forêts, ces marches forcées qui ne conduisent nulle part..." disait son ami Paul, " toute cette musique de bastringue, ces romans où se multiplient les familles comme gazon de printemps, tout ce mic-mac intensif, j'en fais rideaux à mes fenêtres..." termina-t-il légèrement courroucé. Et de s'immerger dans Half Moon Bay de l'excellent Kozelek...

lundi 2 mai 2011

" Ah, Jeff Beck, le Poulidor de la gratte, toujours placé jamais vainqueur, en danseuse pourtant avec ce qu'il faut de mauvais goût pour décourager ses admirateurs..." pensait son ami Paul se remémorant une piteuse reprise dudit Beck du pourtant intouchable day in the life devenu en la circonstance un aérolithe visqueux au coeur de marmelade ( de pomme?) en fusion. " Avait bien commencé pourtant, moulinant tranquille, en roue libre, passant d'un groupe à l'autre bien à l'abri de ses équipiers..." commentait son ami Paul " Lanterne rouge maintenant, qui va s'éteignant, lâché par le peloton des amis d'antan. Sacré coup de pompe..." termina-t-il.

samedi 30 avril 2011

"Un cubiste..." disait son ami Paul, " Borges est cubiste à sa manière, armé de ciseaux... Il découpe à tout va, perfore, lacère, un carnivore mêlant prémonitions et suppositions..." continuait son ami Paul qui soudain reconnaissait à son sauvignon les vertus d'un sauvignon déjà bu dont la saveur transposée lui rappelait un futur qu'un autre que lui allait vivre en trempant dans le vin des lèvres qui prononceraient les mots qu'il venait de penser.
" Du cubisme vous dis-je, un fatras de verbes conjugués à la noix histoire de nous emmener là où nous ne voulons pas aller..." termina son ami Paul troublé par Steve Earle qui peut-être s'appelait Townes van Zandt.

vendredi 29 avril 2011

"Ah la peinture familiale, peinture flatteuse d'artistes poussés à la convention par les mauvais vents de la mode, peintures d'impie qui envahissent les cathédrales aux murs lisses comme est lisse la cohorte de ces créateurs de vide..." disait son ami Paul pensant comme Bacon qu'une peinture qu'on peut voir en famille ne tient pas au mur, glisse et s'étale au sol s'y mêlant à la poussière, puis piétinée s'accroche aux semelles et prend la sortie. " C'est l'accord entre muscle et pinceau qui compte, le reste n'est que pensée..." continuait-il " Et ce que je pense de la pensée..."

mercredi 27 avril 2011

" Des marqueteurs..." disait son ami Paul, " Des orfèvres, pinces délicates au bout des doigts et vas-y de la douce métaphore, de l'image fragile, des poètes à la précipitation d'animal craintif..." continuait-il pensant aux journées de Gustave Roud, à celle de Maurice Chappaz, à leur calme helvète qu'aucun grisou ne trouble. " De la marqueterie, de la dentelle à pleines pages... Cela nous préserve des rugueux romanciers familiaux aux doigts saturés de ciment prompt."

samedi 23 avril 2011

"Le bateau du charcutier n'a pas quitté Vix, son chargement de cochon ne prendra pas la mer..."disait son ami Paul, " Et Gaston de tempêter, d'en faire un déluge, de maudire la Palestine et les charcuteries en grand philosophe chercheur de champignons ..." continuait-il traçant négligemment sur la table la frontière si fragile de la dite Palestine, y allant du Nord au Sud sans barguigner. " C'est le titre qui pervertit la peinture, qui la met sur les mauvais rails, l'égare. L'aurait intitulé la nef des fous, le tour était joué, la bible regorge de marioles..."

mercredi 20 avril 2011

"Toutes voiles dehors "poémes bleus" fend les flots, découpe les hautes vagues et respire des tonnes d'air marin. Turner y lâche quelques lavis, ça gronde et ça dodine, sans trêve et sans ménagement. Le marin lève les yeux cherchant dans les nuages sales une forme animale qui changerait son destin, un signe d'en-haut, une révélation...Il tient la barre, trace sa route. Perros s'y connaissait en bars, et en rhum, s'accrochait à son rêve, à sa Bretagne... N'aurait jamais imaginé que ses poèmes appareilleraient un jour pour se dire dans l'océan.

mardi 19 avril 2011

Tout pourrait se résumer à l'attente de Bram, sur sa chaise inconfortable, les mains aux tempes, fort des paroles amies, décousues, qui, fortuitement se sait dépositaire d'une histoire qui ne lui appartient pas, ne le regarde pas et qui, pourtant d'un jet, l'écrira en coulures grises sur un mur sourd à sa souffrance.

samedi 16 avril 2011

Michaux prétend que le taximêtre a été inventé par un chinois, peuple au génie bricoleur légendaire. Fit-il cette supposition dans le simple but d'opposer ce pragmatisme mécanique à l'océan de sagesse dont Confucius fut l'alizé toujours soufflant, le sage des mers d'huile? Ou bien, prémonitoire supputait-il l'envahissement de nos contrées par ces médinechina qui nous déconcertent? Impressionné par leur habilité à résoudre les équations à belles inconnues le Wallon se demandait toutefois pourquoi ces grands maîtres de l'algèbre n'avaient pas inventé l'oniromêtre.

vendredi 15 avril 2011

"Un visionneur, écrivant avec des morceaux d'images qu'il assemble au hasard, sans logique, à la Monk,les uns sautant au visage, les autres se pavanant au soleil de Big Sur..." disait son ami Paul péchant dans l'eau limpide des pages de Brautigan. "Ecriture jamais en reste d'illustration, pointe jamais en cale-sèche, de l'impressionnisme qui n'en rajoute pas..." Whiskey? s'interrogea-t-il un instant " Comme s'il avait disposé un rideau entre le monde et lui, quelque chose de léger et de transparent, la page où s'écrivaient ses pensées."

jeudi 14 avril 2011

Sa pensée s'étirait, élastique. Il déformait les mots, écartait les impossibilités. Cette dilatation lui permettait toutes les audaces, il balayait les concepts comme moutons sous une armoire.

mercredi 13 avril 2011

C'est animal qu'il sait être, insecte en vérité, volant de fleur en fleur, bruitiste. Insolent, profitant du moindre soleil pour s'en faire une ombre, un domaine. Toujours sous la menace d'une fin soudaine, d'un écrasement rageur, il sait la brièveté de son existence, il en connaît le fil hasardeux.

mardi 12 avril 2011

Voir sa peinture dans le noir ou en fermant les yeux. Ainsi fait le peintre dont la tâche n'est que de prendre de vitesse la tombée de la nuit, urgence qu'il provoque tant son attente dure au point de suspendre tout mouvement, toute initiative l'éloignant de sa vérité. C'est alors que la nuit remue, barque sans marin qui conduit ses passagers sur des fleuves aux flots sombres comme des manteaux, mouvement de la nuit où le peintre puise l'énergie qui sera sa peinture.
Vient enfin le philosophe, les ocres de Rembrandt, ses rouges de viande et la lumière qui est le salut, l'ultime raison de continuer.

dimanche 10 avril 2011

"Ce que dit Cioran du Dor, a le mérite de prévenir le voyageur en partance pour Rasinari de se méfier de ce mauvais vent transylvanien qui charrie ennui et mélancolie, deux des mamelles de la décomposition..." disait son ami Paul " charroi qui tel un sale nuage de particules radioactives se dirige vers l'ouest, perdant peu à peu de sa vigueur mais conservant quelques miasmes dont l'inhalation a de morbides conséquences." Un dé de tokaj plus tard, son ami Paul continua " c'est sans compter sur la vigilance de quelques sentinelles bretonnes qui, déjà pourvues en matière de mélancolie et autres papiers collés s'empressent de retourner à l'envoyeur ce nuage dont elles n'ont que faire."

samedi 9 avril 2011

"Ce qui rapproche Beuys de Pessoa, c'est le costume, la constance de la vêture qui fait qu'au premier coup d'oeil on les reconnaît. Pas question de prendre l'un pour un banquier fût-il anarchiste ni l'autre pour un caporal fût-il épinglé..." disait son ami Paul feuilletant le livre de l'intranquillité qu'il avait de chevet, y trouvant réconfort à sa mélancolie lointainement lusitanienne. " Ce qui les éloigne, c'est la chaussure " continuait-il "escarpins de l'un, gros sabots de l'autre, l'un gambadant à quelques centimètres du sol quand l'autre patauge dans la neige sale..." Un doigt de porto plus tard, son ami Paul ajouta "La grâce du phalène pour l'un, la laideur du coyote pour l'autre."

jeudi 7 avril 2011

Retrouver le limpide, le confort de la transparence et ouvrir tous les verrous, se perdre au fil de l'eau comme radeaux de débris flottants, disputer le fleuve aux barques insensibles, en finir avec l'opaque, tracer enfin ce grand canal qui ne s'embarrasse d'aucune rive, filer doux avec les poissons... On se cogne aux palplanches, s'écorche à ce mauvais bois que l'eau rend plus mauvais encore, on est en pleine panade, en pleine noirceur, il s'agit de reprendre pied, de quitter cet enfer pour d'autres inexprimables lieux.

mardi 5 avril 2011

"Ce qui marche avec Wilde ne fonctionne pas avec Bram..." songeait son ami Paul, " dans le premier cas Dorian vieillit dans son cadre, grisonnant au fil des jours, accumulant les rides pour finir courbé et souffreteux tandis que c'est Bram qui vieillit devant sa gouache immuable semblant suspendre le temps au fil des coulures, prolonger l'attente jusqu'à l'impensable puisque c'est dans ces contrées que Bram se sent bien. Il attend, laisse filer les heures. Sans hâte il construit un monde à sa mesure où se confondent les minutes et les jours, un monde dolent où les ombres s'allongent avec précaution, où les cadrans sont inutiles." Revenait à son esprit un dialogue de Sam où se vantait la force d'expression dudit Bram ainsi que, ce qui ne gâte rien, sa soumission à l'échec. Pas de quoi fouetter l'Oscar qui pourtant n'en demandait pas tant.

lundi 4 avril 2011

"Foutaises, foutaises patentées..." y allait son ami Paul d'un noble courroux qu'aucun sauvignon n'adoucissait tant était térébrante son ire, banderilles dans le rable, mouche insistante sur la joue du dormeur, conversation de cacostome, marre de tous ces pèse-nerfs se disait-il , autant s'enfiler un verre de plus et, basta, de supporter l'insupportable..." où en étais-je? " s'interrogea-t-il..." semblerait que le navrant Mourir m'enrhume serait de Malone meurt le rejeton irrespectueux, la sanie sur papier blanc ( papier identique qui pis est à celui qui fut utilisé en son temps pour y coucher Malone et autres Macmann aux yeux fixes de mouette) commise par vagant de hautes mers ..." Ah reprendre son souffle maintenant, retrouver la barque , le calme de l'onde jusqu'à ce qu'ennui s'ensuive " Intertexte me dira-t-on, intertexte pourquoi pas massepain, âme vomie et agonie de bijumeau..." acheva son ami Paul serrant comme missel son Malone contre son coeur.

dimanche 20 mars 2011

"Soliloquer, la meilleure façon de ne pas être contredit et de filer du concept comme d'autres la laine sans crainte des questions embarrassantes... histoire de mettre la charrue avant la boue et d'y poser les semelles, d'y laisser l'empreinte zébrée, l'indice pour Dupin. Logique desséchante mais qu'y faire, le mystère a bon dos quand il envahit le quotidien..." Ainsi relisait son ami Paul les pauvres feuillets de son journal, insérant entre chaque paragraphe un petit cercle qui faisait Pinget, pensait-il, bulle sur le papier comme preuve de son existence... de son insignifiance.

mardi 15 mars 2011

Le gésier et la rate détachés du corps, des notes qui s'envolent et se transforment en nuées mélodiques, les cieux sont alors traversés de ces presqu'oiseaux, des indices pour ceux d'en bas. Il se passe quelque chose là haut, dit-on alors, ça écrit, ça exprime, donne à réfléchir et pourtant s'envole, suit le cours du vent, s'éloigne jusqu'à l'infiniment petit, le négligeable... Ainsi va le destin de ce qui s'écrit et n'a pas de destinataire, des morceaux de corps qu'il est impossible de reconnaître puisque la reconnaissance ne s'embarrasse plus d'écrivains, sa préférence allant à l'écrivaillon, à la complétude, à ce qui ne s'envole jamais.

vendredi 11 mars 2011

Le livre s'écrivait à mesure de sa lecture, à moins qu'il ne s'effaçât à cette même mesure de sorte que ne subsistait de ce roman que les quelques mots cachés sous les doigts du lecteur qui lui-même vieillissait au fil des pages de l'ouvrage connaissant la fin du livre avant de l'avoir commencé, à moins qu'il ne rajeunît à sa lecture de sorte que ce roman n'existait pas à cet instant. Que lire alors qui fût intemporel? Dans quel sens faire tourner le cosmos quand tout se complique et que l'aiguille de la boussole s'affole et que tangue la barque où se pressent les malone et que le bord s'éloigne et que le fleuve n'est plus le même et que tout a disparu?

mardi 8 mars 2011

"Saviez-vous qu'André Breton dormait dans des draps de satin noir ? " interrogeait son ami Paul "et qu'il en broyait tant ses rêves le préoccupaient, toujours hésitant entre veille et sommeil pour ne rien rater de ses oniriques fusées..."Un instant préoccupé par la présence d'un corps étrange au sein de son sauvignon ( poisson insoluble?) son ami Paul embraya " C'est la destinée des poètes d'avoir sommeil léger et rêves pondéreux, oublieux du passé ils s'entichent de futurs à leur mesure qui ressemblent à ce qu'ils vivent, déformant leur image au fil de leur plume qui, telle la pique de quichotte s'émousse et leur échappe, traçant sur le papier des géométries où ils se perdent."Songeur à son tour, son ami Paul continua "Belle entreprise que cette rage à épuiser le temps..."

samedi 5 mars 2011

Quel intérêt à se coltiner du Beckett, à s'escrimer à déchiffrer les brûlots deleuziens, à cheminer dans les déserts minés de Pinget, à s'user les pupilles sur la prose proustienne, à s'abrutir d'énigmes borgesiennes, à brouter du Calaferte, à fouler les friches chappaziennes, à se perdre dans la sylve michalcienne... Nul besoin de petits cailloux, de repères au bord de la route, pas nécessaire non plus de rechercher l'aide de son prochain... Suffit de se regarder le nombril, c'est ainsi que naissent les actuels chefs-d'oeuvre qui boulottent notre oxygène et dont les pages empyreumatiques tournent comme moulins au mauvais vent.

vendredi 4 mars 2011

Plongé dans de noires réflexions, son ami Paul avec la négligence des irréductibles lève le Sauvignon comme chapelain le calice célébrant par là un peu pieux office dont il est le seul fidèle ce qui lui chaut si peu tant il s'est accoutumé à la désertion de ses ouailles, à leur inexistence. Vitupère en silence, peste in petto... échafaude, théorise sa rage ce qui n'a pour effet que de creuser un peu plus le gouffre le séparant de ses semblables auxquels il ne pardonne rien, pas même leur poisseuse promiscuité dans laquelle il ne voit qu'amalgame stérile et circonstanciel. Bref, ça ne gaze pas fort, itaque bruissent dans ses oreilles quelques ritournelles , tournent les pages de ses malone, miroitent les toiles de quelque bacon. Limites d'un monde qu'il sait arpenter quand l'infini du reste le paralyse."On se refait pas" se dit-il, remettant sur le sauvignon son ouvrage tant il s'est approché de l'insondable détresse.

jeudi 3 mars 2011

"Hum..." suggérait le réputé Docteur Pimply, "hum... mais encore... allons donc... et puis..." Remarques frappées du bon sens psychanalytique dont il avait le secret, tandis qu'au sol telle la sibylle de Cumes s'étendait le chien Lacan, carpette sur le tapis, mise en abyme d'une existence canine toute de dévotion envers le Maître, porte parole du Maître, l'abois de son maître..." reprenons..." se décida le réputé docteur Pimply, Parque au fil fragile, pelote de ficelle comme seul discours..." S'agit d'en trouver le bon bout..." asséna-t-il à l'allongé qui y alla d'un "Mais" quasiment interrogatif auquel répondit doctement le réputé Pimply d'un " justement! " qui claqua comme la machoire du chien Lacan occupé à dévorer la Morteau que le réputé docteur Pimply ne dégusterait plus, devenue au digestif ce que le fantasme est à l'esprit ce que résumait le lacanien aphorisme" il n'est jamais trop tard pour une morteau " dont l'inverse prouvait la pertinence de la découverte du stade du miroir puisqu'également plausible. C'était le moment pour l'allongé d'y passer et le billet passant d'une main à l'autre, témoin de papier de l'être caché qui à peine sorti du bois s'y précipitait tant toute cette histoire l'avait lassé. L'homme aux loup retrouvait la femme au lit et le calme de sa forêt, le chien Lacan le sommeil, l'allongé la rue et la réputé docteur Pimply qui s'en fichait, son billet.

mardi 25 janvier 2011

Il écrivait un roman qui racontait l'histoire d'un écrivain. Cet écrivain sentait sur son épaule se poser la main d'un écrivain qui, écrivant un roman, lui prodiguait les conseils qu'un écrivain lui avait confiés. Fort de cette aide inespérée l'écrivain écrivait, répondant par là à la pression de la main sur son épaule, à l'insistance de cette main pavée de toutes les mauvaises intentions. De cet arrangement naissait une nébuleuse d'ecrivains ayant chacun plus à dire que l'autre, plus à craindre de la page qui à tout jamais resterait blanche tant cet amalgame d'écrivains tirait l'affaire vers le bas car, c'est bien connu, rien n'est pire que cette mutualisation des imaginaires qui ne peut qu'engendrer mauvaise littérature et mauvais sentiments. S'évertuant à chasser cette main, qui, posée sur son épaule avait un peu de l'oiseau de proie qu'apprivoise le fauconnier, il laissa tomber sa plume qui se piqua droite dans le plancher y laissant couler son encre comme larmes sur joue de bois.