vendredi 27 mai 2011

" Un Duchamp avec mousse à raser devenu méconnaissable, spirituellement pétrifié, isolé des misérables teinturiers..." disait son ami Paul, un verre brisé à la main " Toute sa vie à la recherche de la potion qui le ferait divinement jouer aux échecs et basta, la peinture par dessus bord ... Prenait les artistes, se prenait donc pour un commis-voyageur ... A la recherche de la bonne colle capable de réunir les morceaux du verre... Un boutiquier et ses valises capable de transformer le sucre en marbre, et réciproquement..."

mercredi 25 mai 2011

"La poésie de Desnos..." disait son ami Paul " comme une chanson qui ne quitte plus l'esprit, insiste et s'incruste, une petite musique sans ennui qui parfois dérape et fait du Zappa..." Déglutissant un rude muffin, son ami Paul continua " des comptines, une fois ses comptes réglés avec la clique bretonnienne il s'envola profitant des ondes courtes pour y balancer ses vers qui cherchaient le fruit... Un accordéoniste au coin d'une rue, les yeux vers le ciel et vas-y la chansonnette, poésie à bretelles sans effet de manche, du pur vous dis-je..." termina son ami Paul que le sauvignon échauffait.

vendredi 20 mai 2011

Capter les forces invisibles, puis les confier au peintre dont la tâche est de les rendre visibles. Ainsi philosophait Gilles Deleuze qui n'y allait pas avec le dos du concept, coutumier des coups de râteau de grand large et des écrits de marées d'équinoxe . "Odradek que tout ça..." disait son ami Paul "Ces forces invisibles nous donnent mauvaise conscience, nous poussent vers le mur où s'accroche le tableau du peintre pour un face à face impitoyable. L'image dégrade l'oeil, le terrasse, le réduit à n'être qu'un écran..." continuait son ami Paul "du cinéma, de la persistance rétinienne, rien de plus, du sparadrap au bout du doigt..."

mercredi 18 mai 2011

"Si Dilasser préfère peindre au tournevis..." disait son ami Paul " ce n'est pas une fatalité, juste une coquetterie d'artiste, un petit secret spirituel, une manière de s'affranchir du pinceau." Un instant songeur, il continua" Un changement de manche pour rompre la monotonie, Rembrandt en aurait fait tout autant..." Légèrement à la dérive son ami Paul se reprit " Quoique Rembrandt n'avait pas la réputation d'être bricoleur, contrairement à Dubuffet qui s'y connaissait en taches de peaux de vaches, ou d'ailes de papillons..." Son ami Paul ajouta alors " Un peintre qui peint avec n'importe quoi s'ouvre toutes grandes les portes du Sahara..."

jeudi 12 mai 2011

"Deux orfèvres, des artisans aux doigts noirs d'encre, imprimeurs-artistes toujours à l'affût du poème de grande partance, matelots sans trêve..." disait son ami Paul " deux loustics de caractères, funambules de la ligne fragile où tremblent les mots qu'ils assemblent. Qu'un jour l'envie leur prenne d'y ajouter leur prose, rien de plus normal, la compagnie des poètes provoque ce genre de désir, et les deux amis de se faire poètes à leur tour..." continuait son ami Paul " Bettencourt et GLM pris à leur propre piège... qui s'en plaindrait."

samedi 7 mai 2011

" Ecrire c'est trancher dans la langue, c'est un débarras, une tâche accomplie, réglée, finie..." disait son ami Paul si perrossien à ce moment, qui se délectait des lignes de l'indispensable breton. " Revenir à la verticalité, à ce qui coule, poèmes qui se retrouvent aux pieds du lecteur, les alexandrins démâtés qui vont à la dérive, s'agit d'en sauver l'équipage, canots à la mer et corne de brume, tout le tralala des marins..." continuait-il s'échauffant au sauvignon, " Ce qui manque aux écrivaillons d'aujourd'hui, aux encombreurs de librairies c'est le grand lavoir, l'auge où laver les mots."

jeudi 5 mai 2011

Se méfier de l'au-delà de la couleur, de l'éclat sans nuance et des déplis de nature qui détournent le regard du centre sensible de la toile, du coeur qu' on sent battre longtemps encore après l'avoir quitté. Proposition de mesurer la persistance du tableau dans l'esprit du regardeur, d'y affecter un coefficient permettant de corriger la marge d'erreur que provoquent les jugements embarrassés de ceux que la verticalité dérange et qui demeurent insensibles à cette poésie dont les mots ont le bleu des oiseaux de Matisse. Se creuse alors l'écart entre la représentation usée des imaginaires et l'énigme de grande fraîcheur des silences de la partition.

mardi 3 mai 2011

" Toute cette soupe indigeste, ces voix qu'on nous impose, livres qui nous encombrent, ces arbres qui cachent nos forêts, ces marches forcées qui ne conduisent nulle part..." disait son ami Paul, " toute cette musique de bastringue, ces romans où se multiplient les familles comme gazon de printemps, tout ce mic-mac intensif, j'en fais rideaux à mes fenêtres..." termina-t-il légèrement courroucé. Et de s'immerger dans Half Moon Bay de l'excellent Kozelek...

lundi 2 mai 2011

" Ah, Jeff Beck, le Poulidor de la gratte, toujours placé jamais vainqueur, en danseuse pourtant avec ce qu'il faut de mauvais goût pour décourager ses admirateurs..." pensait son ami Paul se remémorant une piteuse reprise dudit Beck du pourtant intouchable day in the life devenu en la circonstance un aérolithe visqueux au coeur de marmelade ( de pomme?) en fusion. " Avait bien commencé pourtant, moulinant tranquille, en roue libre, passant d'un groupe à l'autre bien à l'abri de ses équipiers..." commentait son ami Paul " Lanterne rouge maintenant, qui va s'éteignant, lâché par le peloton des amis d'antan. Sacré coup de pompe..." termina-t-il.