jeudi 31 décembre 2009

"Wilco, c'est du kinks anémié, du ray davies qui se dévisse..." provenait d'une table voisine de son ami Paul qui souleva le sourcil et son verre, achevant celui-ci tandis qu'il rabaissait celui-là."Trop d'éclat, de lumière, une musique surexposée, blanchâtre... désincarnée, du veau béchamel..." continuait le pseudo critique ce qui eut don d'à nouveau soulever sourcil et sauvigon de son ami Paul qui ne pouvait qu'abonder dans le sens du rock et folkeux critique dont il aurait aimé connaître l'avis au sujet de la musique du vic désormais en allé lui qui, de sombres sous bois en caves sans ampoules y allait d'une musique délicate et sans apprêt, une musique d'encoignure. " Chesnutt, ça c'est du propre, rien à redire, simplement à écouter, les mains jointes, Chesnutt c'est le rétable d'Issenheim, Guernica, la chute d'Icare..." entendit-il venu de la table d'à côté, qu'il modéra tout de même préférant comparer la musique du dit vic au vol sans frein des oies sauvages.  

samedi 5 décembre 2009

"Ah, ce ouaille-hat, quel tromponaute, quel tricoteur de petites mailles, se contentant de deux mots pour en faire encore moindre, magicien de peu sortant lièvres de son basse forme ..." disait un voisin de son ami Paul, lequel inter-collé se laissait dériver à l'écoute du susdit vis à vis qui surenchérissait oeil dans l'oeil de sa surchérie " connais-tu, toi ma supercherie, l'autre des deux, l'ailleursse, blondinet fragile aux envies d' îles chauffées à blanc, de médite et ranées, de longues tirades aux caraïbes, confesseur à part entière du docteur dream, qu'allen vira à la perdre histoire de redorer le blason (qu'y put-il?) et ..." La suite se perdit dans un regard langue-oureux et en sous-entendus que son ami Paul crut entendre tant le sous prenait le dessus, et vice-versa qu'il fit du sauvignon que le garçon lui servit assouvissant du Paul le vice.
  

mardi 1 décembre 2009

"Calaferte est à la littérature ce que Waits est à la musique" pensait son ami Paul regardant la photographie dudit Calaferte trônant dans son fatras comme le ferait une chanson dudit Waits s'immisçant dans l'oreille de qui ne s'y attend pas. "C'est de cette friche que naissent les meilleurs surgeons, les branches porteuses d'espoirs, les mélodies d' entresol, cantilènes en fusion qui se coulent en nous comme lymphe brûlante..." continuait son ami Paul " péroreurs, certes mais nécessaires, ultimes drisses permettant de hisser la grand voile, et de..." Hochant le chef, son ami Paul mesurait l'intense vanité de son propos y alla d'un " Et ce sauvignon, il appareille ou il mouille?" que le garçon happa et, fissa, remédia au manque Paulien. Claquant la langue, son ami Paul songeait aux bateaux-feu de Dilasser, puis de fil en aiguille creuse au phare de Jean-Pierre Abraham pour terminer par une mélopée celtique du rejeton TooThemique. "Gloria..." y alla-t-il.   

lundi 23 novembre 2009

"Un mille-pattes..." disait son ami Paul, "c'est avec un mille-pattes que Bill Evans apprit le piano, les accords complexes et tout le saint frusquin, parce que Bill, c'est du sacré, du sacerdotal, de la musique qui s'élève et, volute, s'en va trouver qui vous savez là-haut, l'embusqué qui, narquois, attend le prince qui ne vient pas..." Le garçon, tout ensauvignonné, s'approcha et, interrogatif leva le sourcil, signe qui ne trompe habituellement pas son ami Paul, mais celui-ci, un peu las de toute théorie s'ensauvagea dans des pensées vagabondes et lâcha subitement prise et Bill Evans mais d'un réflexe fondamental happa le verre et le lappa métonymiquement... " Vous savez " termina son ami Paul "on ne sort pas indemne des décombres de Kind of Blue..."   

mercredi 18 novembre 2009

"Le prix Goncourt" disait son ami Paul "cela ressemble à une corrida, les lecteurs au vert pendant une année dans l'attente du grand jour, puis passant d'ombre à lumière, humiliés par de tristes picadors, éreintés par les véroniques de preux matadors, mis enfin à mort, viande sanguinolente sur le sable de l'arène..." continuait-il alors que l'ami de son ami Paul semblait légèrement troublé par la démonstration de celui-ci qui ajouta" l'éditeur c'est le matador, l'épée la plume de l'écrivain et dora la puntilla! le taureau n'a plus qu'à lire ce qu'on lui jette comme un coussin d'aficionado" ce qui n'eut pas le don d'éclairer la lanterne de l'ami de son ami Paul qui, après avoir demandé un verre de Rioja précisa sa pensée " de la littérature pour bétail servile, des livres de foin..." Après un long silence un peu andalou son ami Paul se leva, droit comme une poésie verticale et lança à son ami "devriez lire Juarroz..."

lundi 16 novembre 2009

"C'est parce que je suis bègue que je suis acteur, j'aurais été manchot je serais devenu peintre" lisait son ami Paul dans un livre commis sans crier gare par un Valère que les planches brûlaient, un Valère sans vergogne dont les obscures origines hongroises confortaient dans son hermétisme que de rares exégètes gouttaient comme vin de messe ou vin de l'étrier, vin des sages ou vin de littré que les buveurs tiennent comme la route, sans coup férir." Garçon.."héla son ami Paul " Tokay et vite, je suis homme de vin que diable, je suis ainsi fait que le gosier me commande..." Puis se levant et prenant posture d'homme de paroles au point que du café les habitués s'interloquèrent " Fissa, petit, que le breuvage m'agrée et que je m'en irradie veines et veinules, qu'aucun des tréfonds de ma carcasse n'en fut exempté au motif que le monde crie grâce comme vous criez grâce, belettes d'estaminet." Après un silence lourd comme un roman à la mode qu'on noierait bien en y accrochant l'écrivain à la mode l'ayant commis, son ami Paul reprit sa place et son silence vite troublé par le garçon " désolé, monsieur Paul, pas de Tokay, je n'ai pas été livré..." Un sauvignon ayant fait l'affaire, son ami Paul lâcha Valère pour Perros y trouvant Philipe qui s'y entendait en brûlure de planches.      

 

vendredi 6 novembre 2009

"C'est avec my song et sa pochette roots ainsi que grisâtre que Keith Jarret est vraiment entré dans la cour des grands..." disait son ami Paul tandis que le garçon, passant par là pour se délester de sauvignon et bretzels y alla d'un "caisse charrette?" Son ami Paul continua nonobstant cette remarque " on y entendait souffler un petit gars qui cassait la baraque" Le garçon repassant par là exprima le fond de sa pensée" au bas mot c'est son cinquième verre, monsieur Paul se laisse dériver..." Poursuivant sa démonstration son ami Paul enchaîna " Et Jarret lâchant ses notes comme une averse de pluie, des pétales de fleurs de cerisiers, ce n'est pas avec un chat qu'il apprit le piano, c'est avec Fred Astaire..." " gobaille!" asséna le garçon présentement jaggerien tendance dubuffet. Légérement dérouté son ami Paul abandonna Jarret et Garbarek et reprit Arno Schmidt là où il l'avait laissé.

mercredi 4 novembre 2009

"Il faut canoniser Chappaz..." disait son ami Paul "La Suisse a tant donné pour le Vatican qu'il est grand temps de renvoyer l'ascenseur ce qui pour un pontife ne semble pas d'une grande difficulté..." continuait-il absorbant tout de go un verre de lacryma-christi tout de douceur suave ou inversement, qui loin de tout sauvignon lui ouvrait toutes grandes les portes du grand sud italien où l'on sait ce que prier veut dire. " Le béatifier d'urgence quand tant d'autres bêtifient alignant les pages comme s'alignent veaux en batterie..." ajoutait son ami Paul que la poésie du valaisan rendait morose comme fut ce Maurice dont la vie ne fut qu'errances et attentes: une trajectoire de fourmi à la recherche de quelque mie de pain. " Saint Maurice du Châble..., ça aurait de l'allure." termina son ami Paul songeant à Montreux que Zappa enflamma. 

lundi 26 octobre 2009

Compulsant avec gourmandise les deux tomes de chroniques de la montagne formant elles-mêmes montagne à gravir tant le chemin en est escarpé et les cimes éloignées, son ami Paul mesurait la difficulté à venir à bout de ce Cervin. Mais une fois rendu au sommet, le marcheur y trouve son compte et la hauteur de vue qui sied à une meilleure perception des lointains. Ainsi songeait son ami Paul pêchant de ci de là perles et pépites dans la foison vialattienne, que celui-ci entretenait jour après jour avec un entrain borné. Ses lecteurs, auvergnats vernis y trouvaient ce qui manque à notre presse d'aujourd'hui, la fraîcheur et le désintéressement dont sont faites les oeuvres de ces petits maîtres si indispensables. " Et que reprocher à quelqu'un qui s'échina à traduire Kafka?" ajouta son ami Paul qui dans la foulée réclama un sauvignon à défaut de chateaugay. Et Allah dans tout ça? 


samedi 24 octobre 2009

"Quel sage que ce Gastounet à la blouse boquine, quel philosophe sans jardin, penseur de friche et raisonneur obéissant aux épluchures..." marmonnait son ami Paul, un temps désarçonné par la conversation de ses voisins qui encensaient de piètres artistes familiaux, en vantant le jeu et le naturel puisque d'acteurs de cinéma anémique il s'agissait et que en la matière son ami Paul avait un avis peu amène et que pour lui, comme dirait Mgr Lustiger la messe est dite malgré quelques soubresauts fellino-pasolinien ou jodorowskiens. Que ces aveugles y trouvent leur compte, voilà qui étonnait son ami Paul pour qui trop de réel tuait le réel comme le ferait un tueur à gages tout droit sorti d'un Melville grisâtre (que faire alors du cadavre? de quoi se faire pincer Mgr ). Et de compulser son livre d'heur, son opus Hippobosquien, d'y dégotter de quoi faire taire ces importuns..." Voilà", triompha son ami Paul " la civilisation est une des principales causes de la mort du côté enfantin de l'homme" et de commander sauvignon et bretzels, et de fermer les yeux et de se croire ailleurs et d'entendre Charles Lloyd appeler les oiseaux à la rescousse.  

jeudi 22 octobre 2009

"Nous manque un Marcel Duchamp, un empêcheur d'écrire en rond..." fulminait son ami Paul atterré par la piètre qualité des romans familiaux encombrant l'étal de valeureux libraires transformés en Ménie Grégoire par l'accumulation fétide des histoires banales et simplistes que nous balancent ces nouveaux psychologistes que s'arrachent presse peuple et écrans bleuâtres. " Le Marcel aurait tôt fait de leur faire ravaler ces couleuvres qu'ils nous jettent entre les pattes, sombres ophidiens aux regards torves guignant sur notre monnaie sans autre forme de pudeur..." Et de froisser le supplément littéraire d'un quotidien du soir impropre à l'emballage d'un quelconque poisson (de malheur?), et de boire une gorgée d'un presque maritime entre deux mers, et de croquer bretzel , et de songer à Jason Molina presque Jonas dont la baleine non plus ne s'emballerait pas dans l'immonde feuille de chou précédemment froissée et jetée que le garçon, tel Rivera, envoya dans la lucarne. 

mercredi 14 octobre 2009

Son ami Paul restait pensif après avoir lu un essai de John Pandemur dans lequel John analysait brillamment la posture des personnages de Jan Vermeer, distinguant les personnages à tête penchée et ceux à tête droite ce qui aurait  surpris Jan qui se serait demandé où John avait bien pu pêcher ce gros lui qui se contentait du fretin de ruisseau. Poursuivant sa rêverie sans néanmoins la rattraper, son ami Paul s'imaginait perle à l'oreille, fichu bleu, regard oblique et robe jaune, histoire de montrer à Pandemur ce que peindre voulait dire et, sentant le  courroux accourir, demanda au garçon de le secourir d'un verre de sauvignon. Puisque de Delft aux Nits le chemin était court, il le fit penchant la tête en fredonnant et ajouta " je lui mettrais bien la tête dans le seau au maçon..."   

mercredi 7 octobre 2009

"Il y a dans la peinture de Bram une économie de moyens qui la rapproche de la musique de Low, à moins que ce ne soit de celle de Vini Reilly... " disait son ami Paul son pigeon en main et un verre de sauvignon dans l'autre. " Ces coulures prétendument malhabiles, ces indécisions réfléchies, tout ce commerce arbitraire sont la caisse de résonance de la guitare d'Alan Sparhawk et l'inverse est vrai si l'inverse venait à exister..." Normance alors de bretzels du garçon ajoutant au bombardement " Il vous plaît le pigeon, monsieur Paul..." Après un claquement de langue toute ensauvignée, son ami Paul ajouta " C'est le gris du pigeon qui m'intrigue, rien de plus complexe qu'un gris..." songeant aux notes grises de la grise musique du gris Alan. 

vendredi 25 septembre 2009

"Ainsi des mains de Dilasser, doigts de l'insaisissable, de la révolte, doigts de l'inavouable et du contraint, des mains réceptacles comme des reliquaires où s'entassent les pages de l'histoire, mains fragiles, mains agiles..." disait son ami Paul contemplant les susdites mains serrant en les siennes un petit verre de cet excellent sauvignon qui tel la madeleine de l'autre lui rappelait et bla bla bla et bla bla bla tant son humeur était à la souvenance, regard perdu et sourire béat.  "Mais,on dirait des mains!" y alla le garçon soudainement perspicace ce qui eut le don de faire perdre pied à son ami Paul qui se réfugia dans un sombre mutisme à peine troublé des échos de la suave trompette d' Enrico Rava.

samedi 19 septembre 2009

"Quel inventeur ce Chaval" disait son ami Paul compulsant avec gourmandise une revue défraîchie trouvée par hasard sur les tréteaux pourtant inoffensifs d'un camelot aux goûts d'éclaireur " ses proverbes pour assiettes à dessert, ses maximes, son manuel de savoir-vivre, ses dessins de chiens et de chats, ses oiseaux..." continuait son ami Paul souriant chavalement à la lecture de l'opus " tout cela fait oeuvre comme dirait l'autre, tout se tient et pourtant semble fragile, comme dessiné sur du papier buvard, écrit d'une mine usée..." Le garçon ravitaillant son ami Paul jeta bretzels et regard par dessus son épaule et, commentant la lecture dudit ami Paul y alla d'un dégondant "encore avec vos mickey, monsieur Paul!". Celui-ci, effectivement dégondé gronda " Rien à voir avec le crétin aux stupides oreilles noires... Servez moi plutôt un petit verre de sauvignon..." Son ami Paul tomba alors sur le dessin pieusement intitulé "crétin ému par un hymne national" qu'il ne put s'empêcher d'élargir à toutes sortes d'émotions pour crétins ordinaires...        

jeudi 17 septembre 2009

Tandis que son ami Paul en terminait avec un recueil bien recommandable de Jean Follain aux poèmes légers comme un vent d'automne, l'amie de son ami Paul peignait d'un rouge rouillé un tricycle déglingué trouvé sur un tas d'ordures, en bleu une vieille lampe de la même provenance. " Cher ami " demanda-t-elle " me confierez-vous votre chapeau de feutre noir qui..." Son ami Paul cita à demi-voix le dernier vers si savoureux d'une poésie où fulguraient quelques clous avant de s'écrier "Ah non, pas mon chapeau, vous n'aurez pas mon chapeau ! " Ce qui eut pour conséquence de provoquer le désespoir de l'amie de son ami Paul " Mais alors comment voulez-vous que je combine? Dites moi comment combiner maintenant, vous qui ne savez que censurer. Vous ne connaissez même pas Rauschenburg...Ah j'adore ce Rauschenburg... " "Berg" hurla son ami Paul se replongeant nerveusement dans Follain y cherchant beauté d'un autre monde.     

samedi 12 septembre 2009

"Un chat posé sur le clavier du piano, hésitant, puis traînant sur les touches avec lenteur, à l'écoute des notes éparses qu'il vient de faire naître. Le greffier ne sait plus si cette musique est une sensation purement sienne ou quelque chose d'extérieur, tombé de nulle part, une mélodie nostalgique en suspens..." disait son ami Paul pianotant sur la table, le regard posé sur un horizon à la torpeur lointaine. " Le chat s'éloigne, quitte la scène, le silence dure et il revient, pose méticuleusement ses pattes sur les dièses, puis sautant comme saute un chat assène un accord un peu dissonant à la complexité féline..." Le garçon proposa un verre de sauvignon que d'un geste négligeant son ami Paul refusa occupé qu'il était à danser autour du piano virtuel à la recherche du chat aux prunelles mystiques qui avait disparu cherchant sur le carreau sa litière. 
" C'est avec un chat que Monk apprit la musique..." termina son ami Paul acceptant de bonne grâce un petit verre à l'âme chantante.  

mercredi 9 septembre 2009

"Tout pourrait se résumer à l'attente de Bram, immobile sur sa chaise inconfortable, les mains aux tempes, fort des paroles amies, décousues, qui fortuitement se sait dépositaire d'une histoire qui ne lui appartient pas, ne le regarde pas et, qui pourtant d'un jet, l'écrira en coulures grises sur un mur sourd à sa souffrance..." disait son ami Paul, verre de sauvignon en ligne de mire et bretzels à venir que lui apportait le garçon, qui jetant un oeil sur le livre que tenait son ami Paul y alla d'un "encore avec son pigeon!" tandis que son ami Paul fredonna un air ressemblant à une lointaine ritournelle de Jason Molina. 

lundi 7 septembre 2009

Le temps de la poésie à la main, revue méritoire éditée en son temps par le valeureux glm adepte du garamond et homme de caractère s'il en fut quand on jette un oeil gourmand au sommaire de ladite revue où se pressent sans se hausser du col poètes majuscules et prosateurs modestes, son ami Paul se délectait des images en multiples dimensions que le rusé Michaux accrochait aux pages de l'opus comme coulures de son encre, essence de sa pensée... " Ce belge non content d'avoir renié ses origines sème le doute sur sa véritable identité, un jour pygmée au sourire moqueur puis soudain insecte nouveau capable de voler sans ailes et d'y voir sans yeux..." Se satinant d'une gorgée de sauvignon, son ami Paul reprit " Du bon et du solide quand on voit les marionnettes d'aujourd'hui s'agiter de la plume afin de décrocher d'inutiles timbales..." Satisfait de cette curée salutaire son ami Paul hésitait entre Albatross et Underway, perles rares que le bouffi Greenbaum n'était plus capable d'enfiler.   

vendredi 4 septembre 2009

"Quel meilleur géomètre que Bettencourt si prolixe en théorèmes et autres formules dont il avait le secret..." disait son ami Paul traçant d'un doigt décidé un cercle autour du verre de sauvignon devenu présentement son centre, alpha de sa démonstration, et qui, fort de ce tracé encerclant verre et sauvignon considérait l'en-dedans et l'au-dehors comme deux territoires différents et pourtant complémentaires, l'un n'allant pas sans l'autre comme sauvignon et verre ballon..." considérons le théorème de l'homme" continuait son ami Paul " théorème ontologiquement démontrable ne comportant aucune inconnue, larguant les abscisses comme la barque des trépassés, bref théorème pur beurre qu'on se plaît à citer tant il ouvre d'horizons..." Rompant le cercle son ami Paul s'offrit un rayon de sauvignon et cita le dit théorème de l'homme "On ne voit la circonférence d'un homme que le jour où il a gagné son centre. Mais la plupart se perdent dans des périphéries misérables." Après une pause bien méritée son ami Paul ajouta "Clair, n'est-ce-pas?" songeant soudainement à Lol Coxhill.      

jeudi 27 août 2009

"Qu'a dû penser Breton à la réception de cette lettre envoyée par le marchand du sel où celui-ci confesse son inaction externe ainsi que..." citait son ami Paul " sa pétrification spirituelle due à l'actuelle connerie médiocre décidément déclarée d'utilité publique..." De quelques bretzels son ami Paul fit un ready made rapidement intitulé "noeud de vipère " voire "vit de nos pères" ou encore "pire de notaire", bref du lourd et continua " Le tyran hyperactif sous sa tiare haussa certainement épaules fictives songeant à la légèreté de ce bien né qui tranchait tel un couteau sans lame etc... diamétralement opposée à sa lourdeur d'appareil aux objectifs trop multiples dont sa vie se faisait l'écho. Le délire de l'un n'avait pas grand chose à voir avec les gros sabots de l'autre, pas plus que le thermomètre enregistrant les écarts de la pensée strictement syllogistique de Marcel avec le manomètre juridictionnel du potentat à la fille d'aube..." Se régalant d'un sauvignon nouveau aux arômes de poisson soluble, son ami Paul termina 
" l'utilité publique de la connerie médiocre a traversé le siècle sans encombre ce qui prouve sa vigueur et son universalité." 

mercredi 19 août 2009

"Un quatuor dédié au livre de l'intranquillité où le violon ne serait pas simplement violon pas plus que l'alto ne resterait alto, que dire alors de la nouvelle identité du violoncelle? " s'interrogeait son ami Paul feuilletant avec lenteur le chef d'oeuvre de ce musicien poète écrivain mystificateur, cousin lusitanien du praguois avec lequel il faisait chapeau commun.
"Un marcheur sans cesse effrayé par la ville glaciale, ne pensant qu'à penser quand la coutume est de somnoler puis de sombrer..." continuait son ami Paul qu'un porto suave réconfortait, "Un sacré paroissien... "ajouta son ami Paul, le quatuor soudain devenu oratorio.

mardi 18 août 2009

" Les fesses blanches de Marianne Ihlen posée sur une chaise sommaire..." disait son ami Paul "blanches comme les murs de la chambre de la petite maison que le rugueux Léonard possédait sur l'île d'Hydra, ces fesses.."continuait son ami Paul "... sont à la poésie de Cohen ce que sont celles de Lee Miller à celle de Man Ray." Se régalant d'un verre d'ouzo que ces considérations hellènes avaient imposées, son ami Paul songea que ce songs from a room était à Cohen ce que blood on the tracks était à Dylan, la dactylo aux fesses blanches en moins, ainsi que Lee Miller.
L'ouzo lui montant à la tête, son ami Paul cessa de penser à la dactylo et se contenta de chantonner un air qui avait à voir avec le chant des partisans dans une version intimiste.  

jeudi 13 août 2009

" Bettencourt, Michaux, Dhôtel, Cage, que d'écrivains-mycologues toujours penchés vers le sol cherchant la jaunotte ou le bolet, opinel à la main et besace au côté..." disait son ami Paul qu' un séjour chez les cortinaires aurait comblé, " travaillent tous du chapeau ces poètes, des écarteurs de fougères, fouilleurs de mousse..." continuait son ami Paul imaginant le sourire de John Cage découvrant un exemplaire de tricholoma personatum dont il ferait un acrostiche ou celui de Bettencourt racontant la vie trépidante de la reine des pholiotes repoussant les avances répétées du roi des phallus impudicus. Tout à la joie de cette cueillette, son ami Paul projetait d'écouter "en boucle" selon l'expression consacrée son little drummer boy préféré. 

mercredi 5 août 2009

"Quel usurpateur que ce Carlos Santana qui se prend pour un pape et se permet d'ajouter au purissime blues de John Lee Hooker de ridicules trilles aussi lourdes qu'un sac d'encens..." tempêtait l'ami de son ami Paul " Quel barnum quand on sait la légèreté des interventions de Greenbaum sur l'horizon bleu où se réfugiaient tous les vrais papes du blues..." continuait-il , attendant de son ami Paul une conclusion définitive et péremptoire. " Ah ces guerres de religions, sunnites, maronites... Greenbaum préfèrait certainement les chiites. Quand au Santana qu'il nous lâche la gibson..." termina son ami Paul qui commanda derechef une mort subite.     

lundi 3 août 2009

Son ami Paul avait l'humeur théoricienne, avivée par un excès pardonnable de sauvignon bientôt tempéré par la pertinence imprévue de son propos." Ce qui différencie les poètes ce n'est pas la forme de leur poésie, pas la liberté du vers ni la rime, je pencherais plutôt..." disait-il penchant lui-même en raison du susdit excès provoquant ce léger roulis de peu de conséquence "... pour une classification simple, les poètes des villes et les poètes des champs, les uns discrets et tenaces ne lâchant jamais la métaphore ni le crayon, notant le moindre durcissement de lumière, le moindre toussotement de nuage, le moindre basculement de verdure tandis que les autres, plus affranchis malaxent les mots et goudronnent les strophes, de véritables rouleaux compresseurs avides de toutes les collisions, des brise-tout." Après un généreux silence son ami Paul se demandait quelle mouche avait bien pu piquer Bonnie lors de cet été dans le sud-ouest.        

mercredi 29 juillet 2009

"Ces femmes poètes, ou plutôt pourrait-on dire ces poètes femmes puisque le poétesse n'est pas souhaitable, trop indigeste, trop poussiéreux..." disait son ami Paul en pleine lecture d'un récipient d'air aux allures de ritournelles qui lui procurait espace à l'oeil et océan au coeur tandis qu'il gouleyait d'un sauvignon sans reproche si fruité à l'hémistiche, croquant les mitaines d'un sombre bretzel presque tombé d'en haut, une aile, planerait-il le bretzel? "Elles en remontrent aux besogneux de la métaphore, virevoltantes et charmeuses elles s'imposent à la force du clin d'oeil, légèreté qu'on envie et qu'on oublie comme une musique lointaine..." continuait son ami Paul un instant déstabilisé par sa lecture, puis s'arrachant au livre desdites reprenait pied au guéridon et hélait le garçon, lui demandait sauvignon et nouvelles de ses canariennes vacances ou autre chose, qu'importe pourvu que tout reprenne la où on l'avait laissé.        

samedi 25 juillet 2009

"Ah, Plume, qui de plus poètiquement subversif, de plus étonné de tout ce qui lui arrive, du mur de sa chambre dévoré par des fourmis, de la Reine qu'il déshabille, de sept Bulgares liquidés à coups de revolver ..." disait son ami Paul au garçon venu l'abreuver en sauvignon mais qu'indifféraient tous les Plume, Songe ou Teste que l'imagination de purs génies avait créés. " Un vin qui était vin comme le permanganate..." continuait son ami Paul ce qui fit se dresser le sourcil du garçon qui ajouta " ne vous plaît pas mon sauvignon?" ce qu'entendant son ami Paul déclara " l'écrit suffit à transformer le cloporte en aigle superbe." Le garçon haussant les épaules fit rouler quelques bretzels sur la table tandis que son ami Paul ajoutait "la pluie se moque de l'exactitude des trottoirs, elle caresse le rêve des grands déluges." Lui revenait la voix de plomb d'un autre Plume tombé naguère d'une palindromique province.    

jeudi 23 juillet 2009

Son ami Paul tournait les pages d'un opus volumineux paru en son temps chez Christian Bourgois. Sur la couverture dudit opus s'imposait le regard en coin d'un drille tendance joyeuse dont la pipe au bec démontrait que, même avec une pipe au bec on peut être drille, ce qui de prime abord ne semble pas évident quand on connaît les fumeurs de pipe. Le sire Iouvatchov, puisqu'il s'agissait de lui, avait le chef coiffé d'un ex-haut de forme cabossé comme sa prose qui s'étendait avec nonchalance sur les pages de l'opus que son ami Paul parcourait avec gourmandise." Daniil Harms, puisqu'il s'agissait de lui, eut le malheur de croiser un certain Jdanov, sbire autoproclamé de la courte vue et polichinelle en uniforme, qui eut tôt fait de lui montrer que ce n'était pas la conscience qui déterminerait son existence mais que son existence s'achèverait brutalement s'il persistait à écrire des mots capables de briser les vitres et d'ouvrir les portes des cellules du bien aimé parti." C'est alors qu'on entendit les choeurs de l'Armée Rouge venus du fond de la steppe entonner une douce mélopée virile et gendarmée , poésie d'appareil où bretzel rimait avec Potemkine. "Et Jean Ferrat dans tout ça ? " se demanda son ami Paul, un verre de vodka à la main.  

lundi 20 juillet 2009

"Le désespoir n'a pas d'ailes, il ne tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer." Voyez-vous, disait son ami Paul, on n'écrit pas ça par hasard, ça ne vient pas tout seul sous la plume, on écrit ça comme on plante le riz, comme si les sillons n'existaient pas, au hasard, à la volée..." Une inquiétante allégresse pointait dans le regard de son ami Paul qu'il s'empressa de tempérer d'une gorgée de sauvignon, histoire de reprendre pied dans la rizière. " Breton n'aimait pas les plates-bandes, encore moins ceux qui marchaient sur les siennes." termina son ami Paul qu'un doigt de surréalisme ne rebutait pas.

dimanche 19 juillet 2009

"Ah les carnets d'écrivains..." soupirait son ami Paul un oeil sur celui d'un pseudo artiste autoproclamé et un autre méchamment entortillé le long d'un bretzel solitaire et désespéré. "Les carnets d'écrivains" reprit-il "Confessionnaux sans pudeur où s'étalent les moindres gestes de nos artistes qui s'imaginent nous passionner de leurs lectures et de leurs insomnies. Pire de leurs amours dont on se bat les flancs comme disait Alexandre Vialatte qui s'y connaissait en desserts." Après que d'un signe entendu il eut commandé ce sauvignon qui lui rendait la vie plus facile comme aurait dit Gaston Chaissac qui s'y connaissait en petits pois, son ami Paul clôtura le débat en disant" Et dire qu'il se trouve des éditeurs pour publier ces inepties que la curiosité malsaine promet au succès quand elles seraient plus à leur place dans la poche de nos pseudo écrivains d'où, jamais elles n'auraient du sortir." Souriant, son ami Paul songeait à un aphorisme de Jacques Rigaut, qui s'y connaissait en dynamite.
 

lundi 13 juillet 2009

"Les gris de Kiefer..." disait son ami Paul, "les cris de Kiefer, on s'y perd dans ce grand bazar de terre et de plomb, un instant Goya puis vient Rembrandt appelé à la rescousse, tout ça ressemble à un dépotoir ordonné, un tri sélectif sans espoir de recyclage, un naufrage d'illusions mal écrites..."continuait son ami Paul qu'un verre de vin du Rhin bien frais aurait tenté, souhait sans suite qu'un routinier sauvignon annihila comme l'aurait dissous l'acide de l'Anselm qui s'y connaît en vin du Rhin et en acide. Cette histoire devenait trop fastidieuse pour son ami Paul qui soudain songea aux arpèges légèrement dissonants de Marc Ribot qui à défaut de s'y connaître en vin du Rhin en savait un rayon question arpèges légèrement acides. 

vendredi 10 juillet 2009

"Prendre la forme d'une bulle pour rêver, celle d'une liane pour s'émouvoir..."disait son ami Paul quelque peu meidosem. "Quels voyages avec Michaux, une agence tous azimuts, un charter, une jonque, un autocar, un tandem..."continuait son ami Paul face à la porte et à ce qui s'y dérobe," et dire qu'on imprime encore des livres, qu'on sacrifie des forêts pour embarrasser nos bibliothèques quand notre Henri a tout dit et bien dit..." Se trouvant quelque peu hâtif et réducteur son ami Paul entreprit de commander dans un premier temps une once de sauvignon et dans un deuxième temps de sortir quelques écrivains du gouffre où il les avait précipités.
"Kafka, Beckett, Borges, Pessoa... Rien que du banal..." admettait son ami Paul qui décidément n'avait aucun intérêt pour les tableaux d'honneur. Tout juste hésitait-il entre le blond Petty et l'encore plus blond Winter. Une rasade plus tard c'est le nain montreur de girafe qu'il convoqua bien décidé à ne plus lâcher Michaux.  

mardi 7 juillet 2009

"Les douces eaux du Léman, les pentes escarpées des Grisons, la neutralité légendaire de l'helvète, le chocolat, la lenteur vaudoise, Zappa enflammant Montreux, les comptes numérotés..." pensait son ami Paul cherchant dans l'arsenal ce qui pouvait bien favoriser l'éclosion de pépites telles Roud, Cingria, voire Chappaz dont le génie se cogne aux frontières de l'espace Schengen  comme trafiquants de cartouches de Marlboro. " Peut-être le confinement" se dit-il" la géographie des cantons qui fait que tous les Suisses sont voisins de palier..."  Un verre de fendant plus tard son ami Paul tel guillaume tell ajouta " Proches certes, mais qu'est-ce qu'ils s'écrivent, les correspondances y fleurissent comme edelweiss au sommet de l'Alpe Suisse..." Achevant le fendant sans remords, son ami Paul se remémora la nuit des trois King, désormais en cendres à la quasi-unanimité, qui un soir carbonisèrent le casino de Montreux.

jeudi 2 juillet 2009

"Du haut de son phare Jean-Pierre Abraham guettait les cargos en gardant un oeil sur la reproduction de la jeune fille à la perle qu'il avait accrochée au dessus de sa couchette tandis que le capitaine Alexandre après avoir déclamé quelques ordres entrecoupés d'un feuillet d'Hypnos méditait en regardant un mendiant devenu depuis Job punaisé sur le bois de sa cache..." disait son ami Paul en admirant une bibliothèque de plomb tombée entre ses mains.
" Etrange cette connivence qu'ont peintres et écrivains, toujours à l'affût d'un mot de l'un ou d'un coup de pinceau de l'autre, d'une preuve de leur complémentarité, les mots s'accrochant à la toile tandis que le dessin se fait une place dans le livre, étrange la perméabilité de la frontière entre leurs deux mondes... " continuait son ami Paul qui décidément ne parvenait pas à se défaire du sparadrap mike moya déclamant sournoisement un vieux tube des BeeGees que Jean Pierre et René auraient superbement ignoré.

lundi 29 juin 2009

"Je connais des peintres intéressants, j'entends par là qu'ils tiennent des conversations épatantes..." disait son ami Paul, reprenant cette phrase écrite par Gaston Chaissac à l'un de ses nombreux correspondants, phrase glissée entre deux remarques pertinentes concernant l'une le non-pommage des salades et l'autre le bonnet du maréchal-ferrant du village. "Eh oui" continuait son ami Paul, "bien souvent le verbe l'emporte sur le pinceau ce qui a pour conséquences d'une part de supposer que tout s'explique et d'autre part d'éviter l'éclosion de croûtes grandiloquentes ce qui, avouons le, n'est pas foncièrement mauvais..." Le sourire de son ami Paul laissait supposer en cet instant qu'il songeait aux sabots du Gastounet frappant le plancher au son d'une romance de Slim Cessna... Et le susdit ami Paul de commander un verre de bourbon.

dimanche 28 juin 2009

"Ah oui, Tom Waits.... romantisme de pacotille... ferrailleur et bruitiste.... voix de corbeau enrhumé... préfère Elton John... bla bla bla...." Ainsi parlaient deux gominés qui s'échauffaient passablement de même que les oreilles de son ami Paul qui fulminait à entendre  parler de la sorte du parfait Tom qui ne demande rien à personne, surtout pas aux gominés au goût de vespasienne et qui de surcroît relègue le peu reluisant John et ses épigones au bas du Tourmalet. Son ami Paul songea un instant au pistolet bleu de Tom puis magnanime s'entonna sauvignon et Steve Albini's blues ce qui eut un effet des plus Gandhi sur son ire un peu démesurée.  


  

jeudi 18 juin 2009

"Calaferte est à la littérature ce que Zoot Money fut à Kevin Coyne..." théorisait son ami Paul que le sauvignon fertilisait méchamment, et il continuait " ou Radiguet à Cocteau, Muel à Malone..." Reprenant souffle et sauvignon son ami Paul ajouta " Wittgenstein à Bernhardt, Guattari à Deleuze, Rivera à Prati, l'alpage au génie, le cigare à Lacan, Bettencourt à Dubuffet, Soupault à Breton, Brod à Kafka, bretzels à sauvignon..." Qu'il s'empressa de commander au garçon qui passait par là. " Nécessaires et suffisants" dit-il puis se reprenant" indispensables!"    

lundi 15 juin 2009

Son ami Paul avait l'humeur rêveuse occupé qu'il était à lire la lettre que lui avait adressée un aimable retraité par ailleurs breton et ancien mécanicien ce que ne prouvait pas sa prose qui en aucun cas ne les roulait. Le mécanicien à crèpes précisait dans son courrier qu'il avait été en son temps en charge de la motocyclette de Georges Perros et compagnon  de bar concomitant du susdit Georges qui ne ratait aucune occasion de lever le coude. " Sa moto lui ressemblait, un peu bancale, taiseuse et malchanceuse. Comme lui elle aimait la foison des fossés et les crachins du bas et lourd. Il la rudoyait comme il rudoyait son corps de citadin usé, changeait de vitesses comme il changeait de langage, homme et machine confondus étaient toujours en partance n'étant jamais en repos, jamais bien nulle part..." "cqfd" dit son ami Paul nageant dans un grand lac une scie dans la tête qu'il avait ailleurs.   

mercredi 10 juin 2009

" J'aurais aimé être Paulhan et recevoir du courrier de Perros sauvagement fouetté par l'air marin, j'aurais aimé avoir des nouvelles des sardines de Douarnenez, savoir le sens du vent, m'ennuyer avec les pêcheurs restés à terre allant de bistrot en bistrot noyer ce qui leur reste de souvenirs hauturiers..." disait son ami Paul feuilletant ladite correspondance poulot-paulhan qui à chaque page changeait l'horizon . "Et dire que les littérateurs salonneux qui encombrent les librairies tournent toujours le dos à la haute mer au cas où viendrait à passer un zélateur côté terre..." songeait monsieur Paul qu'une haine océane assourdissait. 

vendredi 5 juin 2009

"Non" disait son ami Paul, "non, pas une bibliothèque qui disparaitra le jour de ma mort, tout au plus un casier à bouteilles, étant donnés les piètres textes commis, les pauvres name-dropping pour uniquement justifier d'une culture de néo-ex-ultra-un peu-pas des masses révolutionnaire à la recherche de sa révolution qui pourtant lui crève les yeux, une révolution 9 qui ne va pas plus loin que les murs du parc de Moulinsart..." Reprenant souffle et sauvignon, son ami Paul s'accusa alors de répéter toujours la même chose puis, pire, de ne rien dire du tout, puis se demanda si l'ennui de devoir s'exprimer dépassait celui de devoir se taire , puis il regarda fixement son verre vide et héla le garçon, lui commanda un verre de sauvignon avec le désir de décamper illico de son personnage si prévisible. Un ultime sursaut de snobisme lui fit se demander pourquoi la musique de bar avait cette lourdeur de tabac froid. " Why not Munly?" se dit-il.  

samedi 30 mai 2009

Son ami Paul songeait aux ballades de Townes, aux espaces restreints qui enserraient son être et qui en faisaient un cowboy de bistrot, il pensait à Pancho et à Lefty, au poète dont la bouche se remplit de la poussière que soulève les pas du bandit, il pensait à Townes qui n'en pouvait plus d'aligner les histoires des autres qui peu à peu devenaient les siennes... " Un grand bonhomme ! " se surprit-il à prononcer tandis que le bar se remplissait d'une musique saumâtre totalement contagieuse quand on y prête l'oreille mais tout juste allergisante lorsqu'on a dans le regard l'étincelle la plus libre qu'y laissent les allumés dans le genre de ce sacré Townes.   

mercredi 27 mai 2009

" Ce qui est bon dans la peinture de Dilasser " disait son ami Paul, "c'est qu'elle ressemble à l'écriture de Pinget, une écriture en pantoufles, sans avoir l'air d'y toucher, une écriture de derviche en panne de révolution, tranquille et hardie à la fois..." Une gorgée de sauvignon et son ami Paul continua " un forgeron de la peinture quand l'autre peaufine et assèche sa phrase jusqu'à l'arête..." Son ami Paul regarda vers le plafond y cherchant preuves de l'existence de ces artistes qui transforment le monde et rénovent le temps, mais las de cette quête il se rabattit sur les bretzels qui, une fois de plus, lui furent un précieux réconfort en cet instant précis où il en venait à douter de tout.  

vendredi 22 mai 2009

"Pires que les proustiens, les celiniens, les kafkaiens, pires que ces dangereux épigones, les bernhardiens..." disait son ami Paul qu' aucun sauvignon absent de tout guéridon n'aurait pu calmer tant son ire culminait, cervinesque puisque de Suisse il aurait pu être question comme la suite le prouvera. " Ces dangereux copistes, si peu moines que la bure ne leur est même pas paravent osent sans vergogne y aller de leur "dit-il" alourdissant le propos de répétition calquées sur celles du maître déjà ancien qui, s'il vivait encore planqué dans sa montagne à siroter d'autres vins que ce pâle sauvignon, aurait tôt fait de les renvoyer à leurs chères études pour y puiser l'once d'originalité qui fait les grands artistes quand tous ces rapins n'ont d'horizon que le bout de leur nez d'égo..." tempéra son ami Paul qui termina puisque de Suisse il avait été question " Fasse le ciel que jamais je ne rencontre un cingrien..." Souhait qu'il arrosa d'une salutaire gorgée qui aurait pu donner de l'air à un huit-mâts.

jeudi 21 mai 2009

"Calet, Guerin, et maintenant Pinget..." grognait son ami Paul qui ne supportait plus ces résurrections dictées par le seul désir de nuire à ces endormis magnifiques qu'il s'agit de réveiller en douceur, en prenant bien garde de tourner leurs pages avec soin et délicatesse.
" Pas de quoi se moucher du pied..." continuait-il " ni de faire surgir de tels fantômes..."
Il est vrai qu'il serait préférable de laisser ces orfèvres à quai quand on sait ce qu'en fera l'affreux laminoir qui conduit le monde à sa perte, quand on sait la fragilité de leur plume qui ne vaut que son poids de plume. Son ami Paul, resservi en sauvignon, ce qui eut pour effet de faire naître sourire à ses commissures, ajouta " Pinget en véritable horloger genevois travaillait en pantoufles, oui, il écrivait chaussé de pantoufles ce qui prouve son inaliénation." termina son ami Paul songeant avec nostalgie aux mouettes sérieuses survolant sérieusement le Léman.

mardi 12 mai 2009

"Mais qu'a donc à voir le Caravage avec la bouche qui parle dans le noir?" demandait son ami Paul après avoir lu cette phrase dans une estimable gazette mais qui pour le coup n'y allait pas de main morte. " C'est comme d'y mettre du chameau à Honfleur..." continuait-il " en pensant que tout va être subitement transformé, que tout va changer quand nous sommes à jamais pétrifiés dans tout ce cirque... alors le Caravage , merci, mais qu'il aille se recoiffer et qu'il laisse la bouche parler..." termina-t-il légèrement irrité et sur les galets. Le garçon ne tarda pas à réhydrater son ami Paul, craignant les conséquences de cette soudaine déréliction. In petto le garçon se promettait de faire taire ce Caravage s'il venait encore importuner son ami Paul. "une question d'honneur!" grommela-t-il en souriant à son ami Paul rapidement rasséréné.    

vendredi 8 mai 2009

"Drôle d'histoire que celle de la valise de Lucky par ailleurs remplie de sable, qui, dit-on, fut trouvée par un éboueur de la ville de Paris lors d'un ramassage de poubelles." disait son ami Paul, "Valise parfaite selon Sam qui s'y connaissait en voyages, très abîmée et démodée, valise en route vers le pire, ne changeant de cap sous aucun prétexte, plus vivante que la bande d'abrutis ne sachant rien faire d'autre que d'attendre en râlant sans cesse, malheureux interprètes d'un texte sans queue ni tête..." continuait son ami Paul que le sauvignon poussait à la critique théâtrale. "Et s'il suffisait d'une valise pour voyager, c'est valise qu'on deviendrait tendant sa poignée à toutes les mains ..." termina son ami Paul réclamant une poignée de bretzels sur un bon vieil air de blues genre love in vain, puisque tout air de blues est un bon vieil air de blues, se disait son ami Paul qui avait allumé sa lumière rouge.      

mercredi 6 mai 2009

" Ne pensez-vous pas que ces satanés Pink Floyd ont toujours été à côté de la plaque, toujours gonflés de suffisance, soufflés un peu so british, indigestes et grandiloquents? " demandait son ami Paul ayant néanmoins en tête quelques joyaux barettiens que le trop gras Gilmour s'empressa de jeter aux orties préférant remplir d'obscurs stades à la manière pinochet que de prendre la poudre (d' escampette?). "J'exclus de ce peu mérité règlement de compte l'us and them plus reluisant que de coutume où semble naître le recommandable intérêt de Nick Mason pour le maudit Wyatt que ses congénères jetèrent sans mollir. Rythme de sorciers, imprécations tribales, poésie fondamentale, tout y est, on voit poindre sea song quand soudain apparaît un navrant saxophone et les accords d'enrhumé du déjà vilipendé guitariste intérimaire qui, malheureusement, vit son contrat précaire transformé en cdi de fonctionnaire." continuait son ami Paul qui trouva en sa gorgée de sauvignon un réconfort de trop courte durée. " Voyez où nous mène l'excès de bonne conscience alors qu'un licenciement fut-il abusif du susnommé David aurait évité tant de dérapages..." Son ami Paul en veine d'honnêteté ajouta: "Mais Wyatt sait qu'il peut compter sur le gras David..." 


  
    

samedi 2 mai 2009

"Si on attribue à chacune des lettres de son nom le nombre correspondant à leur situation dans l'alphabet, savez-vous la somme obtenue avec les 4 lettres de Bach," lui demandait son ami Paul." 14 ! " annonça-t-il fièrement "14, 2 fois 7, troublant,non? " tandis qu'il buvait d'un trait ce qui restait de sauvignon dans son grand verre. " Ces chiffres me troublent comme me trouble ce qui est parfaitement intelligible et néanmoins parfaitement inexplicable... " continua son ami Paul, " et que dire alors de la cuiller-soulier de Breton, objet aussi magique et banal que son propriétaire..." Réfugié dans un soudain silence, son ami Paul  zigzagait entre bretzels et sauvignon quand il entendit le garçon qui parlait à un de ses clients "...3 jours 4 nuits, je pars le 14 pour Sète , j'irai au casino jouer à la roulette..." " Voilà qui confirme ce que je démontrais il y a peu, intelligible et inexplicable..." jubilait son ami Paul, qui, sur l'air de la cantate bwv 147, commanda deux sauvignon qu'il ne chercha pas à diviser.
   

mercredi 29 avril 2009

"Etrange lettre que celle que Kafka rédigea à l'intention d'une petite fille qui avait perdu sa poupée et qu'il trouva en larmes dans un parc de Prague où il aimait flâner "  lui disait son ami Paul, "rien à voir avec la lettre au père, une lettre légère aux mots de plume qui s'envolent pour un long voyage, une courte lettre pour un long adieu dans laquelle le praguois tente d'expliquer à la petite fille la raison de la disparition de sa poupée..." continuait son ami Paul, " il racontait dans cette lettre les aventures, les amours, les voyages, le banal de la vie d'une poupée s'étant fait la malle..." Après un silence entrecoupé d'une gorgée de sauvignon, son ami Paul poursuivit: " Finalement pour en justifier la disparition, notre Kafka maria la poupée, trouvant dans un quartier de Prague un époux assez fou pour convoler avec un tas de chiffons... Triste fin de l'histoire, mais dont la petite fille fut satisfaite voyant dans cet épilogue l'espoir d'une nouvelle vie, alors que notre Franz y voyait une façon de mourir..." Lachant quelques bretzels, le garçon dit à son ami Paul: " Me parlez pas de Prague, deux  jours-trois nuits de pluie..."