jeudi 20 décembre 2018


"L'écrivain écrit ce qu'il peut, le lecteur lit ce qu'il veut" Ainsi y allait l'ami Paul si peu avare en aphorismes qu'il souligna celui-ci d'une lampée d'un bon sauvignon la partageant avec son ami qui d'un sourire accompagnait la séquence. "D'ailleurs l'écrivain est un horloger, lui seul parvient à remonter le mécanisme de son roman quand celui-ci se dérègle, malmené par son peu scrupuleux lecteur." L'ami de l'ami Paul en profita pour jeter un regard sur sa montre, et laisser en plan sauvignon et ami. "Rien n'arrête la trotteuse" ajouta l'ami Paul avant de résider dans ses pensées.

mercredi 19 décembre 2018

prolonger le plus longtemps possible cet état d'armistice, 
cette éternité provisoire qui rendrait compte de notre condition, 
puis se résigner à l'instant, à cette étrange clarté.


jeudi 17 mai 2012



Le danseur et la frénésie du contact. les paumes collées, les yeux vagués, la tête derviche. Tournent les aveuglés, les contactés. Il y trouve matière à rapprochement, froissement d'étoffe.
Tout revivre à l'identique, les effrois, les joies, les découvertes. Ne plus rien attendre puisque tout est su, tout est déjà vu, vécu. Insister sur les erreurs comme le ferait le dard d'une mauvaise guêpe.
s'éloigner soudain de ce qui fut, dans le but inavoué de connaître enfin ce qui n'et pas. Compter sur l'effet de surprise que la crainte de l'inconnu écorne. avancer à tâtons, glisser sur le parquet sans bruit, sans but.

mercredi 28 septembre 2011

Sur le trottoir de la rue des Douradores, tapant du talon comme pour imprimer le point final de sa rêverie, Soares s'interroge, un lourd registre sous le bras. Un autre que lui gambaderait, sauterait d'un élan de locuste, chantonnerait le refrain de proof ou autre perle de IAK. Non, Soares ne mange pas de ce pain, Soares attend le mot qui le fera revivre, la phrase qui sauve, il sait que quoiqu'il arrive la sauterelle retombe sur le trottoir.

dimanche 25 septembre 2011

Ses pages sont vigoureuses, s'inspirent d'une réalité que sa négligence transforme en un vaste terrain vague. La boue aux bottes plutôt que la plume à la main. Ainsi s'écrivent les romans, ainsi vont les écrivains qui ignorent les paillassons.

lundi 29 août 2011

Son salut, prétendait-il, était le profond sommeil où il se réfugiait s'abstenant ainsi de toute conversation. Encore lui fallait-il prendre garde à ne pas laisser galoper les chevaux du rêve. Il en faisait son affaire dressant hautes les palissades derrière lesquelles il s'abritait silencieux et têtu.

samedi 27 août 2011

Un homme, petit, au bas d'une montagne, des tissus rouges et jaunes, une musique atonale, insistante qui se joue du vent, des regards curieux, les sourires des villageois, une marche difficile sur un parterre de roches disjointes, un sommet enfin atteint, une vallée profonde où l'oeil se perd, des nuages, des odeurs de plantes magiques, une dernière nuit ici avant de retrouver la ville, les amis encombrants. La poésie de Michaux.