samedi 25 juin 2011

"Plutôt suceur de roue que rouleur de mécanique, le nez au vent Cioran juste derrière l'helvète bondissant, chat rusé des bordures, Cingria à l'alerte coup de pédale emmène le peloton..." commentait son ami Paul..." Des forçats de la route, de l'exquis bitume, moulinant sans trêve, les aphorismes de l'un s'ajoutant aux neumes de l'autre, musique de vent dans le dos..." continuait-il..." Loin devant sur sa vieille moto, casque sur le chef, le néo-breton se la coule douce... Attend-il que le gros chat se mette en danseuse, qu'il serre les lacets, que le triste roumain crève enfin?..." s'interroge son ami Paul..." Non, il lâche le peloton, pas question qu'il mouille le maillot..."

jeudi 9 juin 2011

" Mark Linkous, Vic Chestnut..." disait son ami Paul " Plus rien à attendre d'eux, ils ont tout dit, vidé leur sac... Satisfaction du devoir accompli et salutations distinguées, qu'importe la frustration , reste l'oeuvre après tout, le gros morceau qui leur survit, quand on sait ce que les autres font de leurs vies, de quel bois ils chauffent nos oreilles..." continuait son ami Paul " Le silence de ces disparus fait un sacré vacarme..." termina-t-il un Perros à la main.

jeudi 2 juin 2011

"Michaux n'aurait pas mieux fait..." disait son ami Paul " pas mieux, magie et chameaux mis dans les pattes de ses semblables pour entraver leur marche, darelette au pis des vaches..." songeur et un peu philosophe (donner de l'air aux poissons) son ami Paul continuait "n'y aurait-il pas une condition, un théorème, une équation secrète, tout ce mic mac que nous supportons nous paraît limpide une fois identifié comme une fusée lancée par le wallon chauve, un effet de plume..." Pliant le méchant quotidien où s'étalait la laideur assumée de ses semblables, son ami Paul termina "Rien de tel que de faire nager son âme, bien à plat, comme une limande qui ne demande rien d'autre que se dorer la pilule."

vendredi 27 mai 2011

" Un Duchamp avec mousse à raser devenu méconnaissable, spirituellement pétrifié, isolé des misérables teinturiers..." disait son ami Paul, un verre brisé à la main " Toute sa vie à la recherche de la potion qui le ferait divinement jouer aux échecs et basta, la peinture par dessus bord ... Prenait les artistes, se prenait donc pour un commis-voyageur ... A la recherche de la bonne colle capable de réunir les morceaux du verre... Un boutiquier et ses valises capable de transformer le sucre en marbre, et réciproquement..."

mercredi 25 mai 2011

"La poésie de Desnos..." disait son ami Paul " comme une chanson qui ne quitte plus l'esprit, insiste et s'incruste, une petite musique sans ennui qui parfois dérape et fait du Zappa..." Déglutissant un rude muffin, son ami Paul continua " des comptines, une fois ses comptes réglés avec la clique bretonnienne il s'envola profitant des ondes courtes pour y balancer ses vers qui cherchaient le fruit... Un accordéoniste au coin d'une rue, les yeux vers le ciel et vas-y la chansonnette, poésie à bretelles sans effet de manche, du pur vous dis-je..." termina son ami Paul que le sauvignon échauffait.

vendredi 20 mai 2011

Capter les forces invisibles, puis les confier au peintre dont la tâche est de les rendre visibles. Ainsi philosophait Gilles Deleuze qui n'y allait pas avec le dos du concept, coutumier des coups de râteau de grand large et des écrits de marées d'équinoxe . "Odradek que tout ça..." disait son ami Paul "Ces forces invisibles nous donnent mauvaise conscience, nous poussent vers le mur où s'accroche le tableau du peintre pour un face à face impitoyable. L'image dégrade l'oeil, le terrasse, le réduit à n'être qu'un écran..." continuait son ami Paul "du cinéma, de la persistance rétinienne, rien de plus, du sparadrap au bout du doigt..."

mercredi 18 mai 2011

"Si Dilasser préfère peindre au tournevis..." disait son ami Paul " ce n'est pas une fatalité, juste une coquetterie d'artiste, un petit secret spirituel, une manière de s'affranchir du pinceau." Un instant songeur, il continua" Un changement de manche pour rompre la monotonie, Rembrandt en aurait fait tout autant..." Légèrement à la dérive son ami Paul se reprit " Quoique Rembrandt n'avait pas la réputation d'être bricoleur, contrairement à Dubuffet qui s'y connaissait en taches de peaux de vaches, ou d'ailes de papillons..." Son ami Paul ajouta alors " Un peintre qui peint avec n'importe quoi s'ouvre toutes grandes les portes du Sahara..."